Même en solo, on ne manifeste pas en Crimée
Les autorités de la péninsule annexée par la Russie en 2014 ont condamné des dizaines de Tatars qui protestaient individuellement contre la mainmise de la Russie.
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La Russie entend bien étouffer les (très) rares voix discordantes qui continuent de protester contre l’annexion de la Crimée.
Pour avoir manifesté individuellement dans plusieurs villes et villages de la péninsule, des dizaines de Tatars, une minorité musulmane d’origine turcophone, ont été condamnés lundi à des amendes allant jusqu’à 15 000 roubles, soit l’équivalent de 215 €, presque les deux tiers d’un salaire moyen pour un habitant de la région.
Des piquets d’une personne
Le 14 octobre, des militants tatars étaient descendus dans les rues afin de dénoncer les pressions des autorités contre leur communauté et de réclamer la libération des « prisonniers politiques ».
Pour contourner les interdictions systématiques à manifester, les protestataires avaient formé des piquets d’une personne, ce qui ne nécessite pas d’informer au préalable l’administration.
La police puis la justice ont cependant estimé que ces protestations coordonnées étaient en réalité des « manifestations massives non autorisées ».
« Une nouvelle interprétation abusive de la loi »
Les organisations des droits de l’homme y voient, à l’inverse, une décision politique qui vise à museler toute expression dissidente chez les Tatars, après l’interdiction de leur télévision, la suppression du Mejlis (l’assemblée de la communauté), les arrestations et l’expulsion de leaders opposés à l’annexion.
« Il s’agit d’une nouvelle interprétation abusive de la loi, laquelle interdit certes les manifestations individuelles dans une même ville mais pas dans différentes localités », estime Alexander Artemyev, responsable presse d’Amnesty International à Moscou.
Le Kremlin rejette les accusations de l’ONU
Au lendemain de ces condamnations, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté par 70 voix pour, 26 contre et 76 abstentions une nouvelle résolution dénonçant « les pratiques discriminatoires appliquées par les autorités d’occupation russes à l’encontre des habitants de la Crimée temporairement occupée ».
Le Kremlin a rejeté ces accusations en évoquant « des formulations incorrectes ». Moscou justifie l’annexion de la Crimée par le « oui » massif des habitants de la péninsule au référendum d’autodétermination du 16 mars 2014, un plébiscite non reconnu par la communauté internationale.
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