Bernard de Fallois, l'éditeur qui mettait ses auteurs à l'épreuve de Colombo

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Bernard de Fallois, l'éditeur qui mettait ses auteurs à l'épreuve de Colombo

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Bernard de Fallois
Bernard de Fallois
- Editions de Fallois

Disparition. Il avait publié Marcel Pagnol, et plus récemment, Joël Dicker. L'éditeur Bernard de Fallois est mort le 2 janvier 2018. Dans un entretien de 1997, écoutez-le raconter comment il choisissait les auteurs qu'il publiait.

Marcel Pagnol, Françoise Chandernagor, Marc Fumaroli, le cardinal Lustiger, Jacqueline de Romilly... il était ami avec certains, et les publiait tous ! L'éditeur Bernard de Fallois, qui avait fondé sa maison d'édition en 1987, est mort le 2 janvier 2018, à l'âge de 91 ans. En 1997, dans le cadre du Salon du Livre, il s'était entretenu avec Philippe Meyer. Ecoutez-le parler de son métier, de ses techniques pour savoir si un livre valait la peine d'être publié, de Marcel Proust, dont il était spécialiste, de Simenon, ou encore de la télévision.

Bernard de Fallois dans l'émission Libre examen, 16/03/1997

42 min

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Bernard de Fallois était agrégé de lettres (et spécialiste de Proust), matière qu'il enseigne à ses débuts pendant quinze ans. Parallèlement, il fait publier par Gallimard un roman de jeunesse de Proust (Jean Santeuil, 1952), et travaille sur une anthologie de critiques littéraires de Marcel Pagnol, qu'il fait publier à titre posthume par le même éditeur (Contre Sainte-Beuve, 1954). 

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Bernard de Fallois entre ensuite comme éditeur chez Hachette, dont il devient directeur en 1975, succédant à Guy Schoeller. Puis il dirige les Presses de la Cité. C'est seulement en 1987, à l'âge de soixante et un ans, qu'il fonde sa propre maison d'édition : les éditions de Fallois. 

Parmi ses auteurs, de très grands noms : Marcel Pagnol (dont il a publié trente-trois titres), Georges Simenon et Vladimir Volkoff, qu'il comptait parmi ses amis et avait commencé à publier du temps où il était aux Presses de la Cité. Mais aussi Fernand Braudel, Rose Tremain, le cardinal Lustiger, Marc Fumaroli, Alain Peyrefitte, Pierre Boulle, Robert Merle, Jean-Denis Bredin, Françoise Chandernagor, Jacqueline de Romilly…

Plus récemment, il avait publié Joël Dicker, dont le roman La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, est devenu un best-seller mondial, avec près de 3 millions d'exemplaires vendus. A cette occasion, il avait été l'invité des "Matins de France Culture", avec Joël Dicker, en octobre 2012.

L'Invité des Matins (2ème partie)
33 min
Bernard de Fallois et Joël Dicker, en octobre 2012, à la sortie des studios de France Culture
Bernard de Fallois et Joël Dicker, en octobre 2012, à la sortie des studios de France Culture
© Radio France

Le 13 mars 1997, au micro de Philippe Meyer, il parlait de sa maison d'édition, qui publiait à peu près vingt-cinq titres par an : 

La majorité ce sont des livres écrits par des gens qui sont des écrivains que je publie depuis longtemps. [...] Il m’arrive d’avoir des découvertes, soit parce que quelqu’un qui cherchait un éditeur m’a été envoyé, soit même, c’est arrivé une ou feux fois en dix ans, parce qu’un manuscrit reçu par la poste a retenu mon attention. Mais vous connaissez le problème des manuscrits qu’on reçoit par la poste : que la maison soit petite ou grande, ils ont beaucoup de mal à se faire véritablement lire. [...] Il y a des milliers de livres qui arrivent tous les jours chez les éditeurs.

Il confiait aussi avec humour son infaillible "technique" pour savoir si oui ou non, un manuscrit valait la peine d’être lu, et publié :

La première raison de publier un livre, c’est le plaisir qu’on a pris à la lire. [...] Il m’est arrivé de dire qu’étant grand amateur de séries télévisées, et en particulier de séries policières, j’avais l’habitude de mettre sur mon magnétoscope un Colombo. Et puis quand le crime est commis [...] au moment où l’inspecteur arrive, je ferme la télévision, et je prends le manuscrit. Si le manuscrit m’entraîne au point d’oublier complètement ce que je viens de voir, ce que j’ai envie de savoir, et que j’oublie complètement la télévision, c’est que vraiment le livre est plus fort que la série télévisée, et à ce moment là je n’hésite pas, je le publie !