La Turquie a ordonné le limogeage de plus de 2.700 personnes travaillant dans des institutions publiques en raison de prétendus liens avec des organisations "terroristes", nouvelle vague de purges depuis le coup d'Etat avorté de 2016

Le ministre turc de l'Intérieur est critiqué pour avoir appelé à "briser les jambes" des dealers (image d'illustration).

afp.com/OZAN KOSE

Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan est attendu à Paris vendredi, son ministre de l'Intérieur fait l'objet de vives critiques dans son pays. Süleyman Soylu est en effet accusé d'avoir abusé de ses pouvoirs en incitant les forces de l'ordre d'usage excessif de la force.

Publicité

"Peu m'importe combien je serai condamné ou critiqué, mais un policier qui ne brise pas les jambes d'un dealer de drogue lorsqu'il le voit ne peut être considéré comme ayant accompli son devoir", a ainsi déclaré Süleyman Soylu lors d'une conférence de presse organisée un peu plus tôt cette semaine, selon des propos rapportés par les médias turcs. Il a ajouté que si des policiers accomplissaient de tels actes, il en assumerait l'entière responsabilité.

Une plainte déposée pour abus de pouvoir

Tur Yildiz Biçer, députée du Parti républicain du peuple (CHP, social démocrate), principale formation d'opposition au parlement, a annoncé avoir porté plainte contre Süleyman Soylu pour abus de pouvoir. "Cet ordre (...) ne peut être respecté sous aucune circonstance, quiconque s'y plie ne peut être libre de toute responsabilité", a-t-elle déclarée, citée par les médias turcs, affirmant que selon le code pénal toute personne qui encourage à commettre de tels actes risque jusqu'à 5 ans d'emprisonnement.

Pour Mehmet Durakoglu, président du barreau d'Istanbul, les commentaires du ministre vont à l'encontre de la présomption d'innocence. Ces remarques "sont clairement criminelles. Je ne peux accepter que de tels propos soient tenus, même ironiquement", a-t-il affirmé, selon l'agence de presse Dogan.

LIRE AUSSI >> Liberté de la presse: la Turquie juge Macron mal informé sur le sort des journalistes

Mais le porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin, a soutenu le ministre, jeudi, décrivant ses propos comme "une expression de détermination". Süleyman Soylu, nommé au ministère de l'Intérieur en 2016, s'est imposé en menant un combat sans relâche contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme une organisation "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, dans le sud-est du pays.

Publicité