Baudelaire : ""Les Fleurs du Mal", dans ce livre atroce j’ai mis tout mon cœur, ma tendresse et ma haine"

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Baudelaire : ""Les Fleurs du Mal", dans ce livre atroce j’ai mis tout mon cœur, ma tendresse et ma haine"

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Illustration "Les Fleurs du Mal" par Carlos Schwabe, 1900
Illustration "Les Fleurs du Mal" par Carlos Schwabe, 1900
- Wikimedia Commons

"Les Fleurs du Mal" est l’une des œuvres majeures de Charles Baudelaire et de la poésie moderne. Quels sont les enjeux éthiques et esthétiques indissolublement liés de cette œuvre, en particulier les figures qu'y prennent l'idéal et le spleen ?

Qu'est-ce que la double postulation qui est à l'oeuvre dans "Les Fleurs du Mal" ?

Baudelaire l’appelle lui-même la double postulation, c’est-à-dire le fait que tout, absolument tout, peut être revêtu suivant les moments et parfois en même temps, d’un signe positif ou d’un signe négatif. Cette double postulation, le bien / le mal, le ciel / l’enfer (…) qui est inhérente à la première section "Spleen et idéal" marque tout le reste. Ce qui fait que toute tentative pour sortir du spleen se solde par un échec. C’est dire que la tonalité est extrêmement pessimiste, mais… avec Baudelaire les choses ne sont jamais simples, et cette double postulation est sans arrêt à l’œuvre.

Même si "Les Fleurs du Mal" n’ont rien d’autobiographique, pourquoi Baudelaire y-a-t-il mis toute sa haine ?

Voici sa réponse dans une lettre écrite en 1868 : ""Les Fleurs du Mal" on commencera peut-être à les comprendre dans quelques années. Faut-il vous dire à vous qui ne l’avait pas plus deviné que les autres, que dans ce livre atroce, j’ai mis tout mon cœur, toute ma tendresse, toute ma religion (travestie), toute ma haine. Il est vrai que j’écrirais le contraire, que je jurerais mes grands dieux que c’est un livre d’art pur, de singeries, de jongleries, et je mentirais comme un arracheur de dents."

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Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, des montagnes, des bois, des nuages, des mers, par-delà le soleil, par-delà les ésthers, par-delà les confins des sphères étoilées, mon esprit tu te meus avec agilité, et comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, tu sillonnes gayement l’immensité profonde avec une indicible et mâle volupté. Baudelaire, "Élévation"

Spleen et idéal dans "Les Fleurs du Mal".

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Une conférence enregistrée en avril 2015.

Agnès Spiquel, ancienne professeur d'université, Présidente de la société des études camusiennes.

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