José Bové rêve d'un nouveau Larzac à Notre-Dame-des-Landes
Le Premier ministre a officialisé ce mercredi l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Comment accueillez-vous cette annonce ?
C’est une excellente nouvelle. Ce combat, je le suis depuis 1973, lorsque les paysans de cette région sont venus nous soutenir sur le Larzac. Je veux saluer aussi la prise de position du président de la République, du Premier ministre, du ministre de l’Intérieur et du ministre de la Transition Ecologique qui ont assumé leurs responsabilités. Je note également que dans son discours, Edouard Philippe a insisté sur les modalités de l’évacuation de la zone sans recours à la force, exprimé ses exigences sur la remise en circulation de la route départementale 281, et évoqué enfin les expérimentations foncières qui pourront s’engager dès la levée prochaine de la déclaration d’utilité publique (DUP).
La gestion foncière du Larzac pourrait servir d’exemple pour Notre-Dame-des-Landes, et vous l’avez d’ailleurs suggéré au gouvernement. De quoi s’agit-il ?
En 1971, un puissant mouvement populaire s’est opposé à un projet d’extension du camp militaire situé sur le plateau du Larzac. Dix ans plus tard, le projet a été abandonné. Et en 1985, l’Etat a concédé par bail emphytéotique les 6300 hectares de terres agricoles qu’il avait acquises par expropriation à un laboratoire foncier sans précédent, la Société civile des terres du Larzac (SCTL). 35 ans plus tard, ce modèle de gestion des terres agricoles continue de fonctionner parfaitement.
Et vous considérez donc qu’il peut s’appliquer aux 1600 hectares de Notre-Dame-des-Landes en cas d’abandon du projet ?
Juridiquement et techniquement, c’est la solution la plus intéressante. Croyez-vous que l’Etat a vocation à gérer les baux agricoles de cette zone ? Il restera propriétaire du foncier, mais qu’il laisse à une structure de proximité conçue sur le modèle de la SCTL le soin de recenser les agriculteurs concernés, dont ceux qui pourraient racheter après avoir passé un accord amiable, les projets agricoles existants ou en gestation, l’accompagnement d’une agriculture alternative et l’attribution des parcelles.
Edouard Philippe a donné jusqu’au printemps aux zadistes qui n’étaient là que pour s’opposer au projet d’aéroport pour quitter la zone. Sera-t-il entendu selon vous ?
Des projets d’agriculture alternative sont déjà lancés, d’autres sont en gestation. Il appartiendra aux futurs gestionnaires du foncier, associations, militants mais également élus locaux, de les évaluer. S’agissant des zadistes qui ne s’inscrivent pas dans cette logique de reconversion, je pense, oui, qu’ils partiront d’eux-mêmes vers d’autres lieux de résistance. Je ne partage pas forcément leurs modes opératoires, mais il faut admettre que sans eux, lors de l’opération « César » de 2012 en particulier, Edouard Philippe n’aurait jamais prononcé sa déclaration d’aujourd’hui.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?