Etat des lieux des partis politiques - le Front national

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 12 décembre 2017. ©AFP - Lionel Bonaventure
Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 12 décembre 2017. ©AFP - Lionel Bonaventure
Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 12 décembre 2017. ©AFP - Lionel Bonaventure
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Toute la semaine, le billet politique dresse l'état des lieux des principales formations politiques. Ce matin : le Front national.

Jadis craint et redouté, le Front national a désormais quelque chose du zombie. Il marche encore mais est-il vivant ? C'est un paradoxe : deuxième parti de France à l'élection présidentielle, le FN est depuis porté disparu dans l'opposition. 

"Les emmerdes, ça vole en escadrille", disait Jacques Chirac ; là c'est une flotte entière qui semble s'acharner sur Marine Le Pen depuis le mois de juin. Résumons : élections législatives ratées par le parti avec 8 députés, départ de l'omniprésent numéro deux Florian Philippot, couacs dans les prises de parole à l'Assemblée nationale... [extrait sonore]. Sans oublier les contreperformances médiatiques. Le prime time de Marine Le Pen dans l'émission politique sur France 2 n'a rassemblé que 1,7 million de téléspectateurs. Fini, le temps où le Front national et son halo sulfureux garantissaient un audimat record. S'ajoutent à cette longue liste les désaccords sur la ligne du mouvement (identitaire ou souverainiste ?), le départ de Marion Maréchal Le Pen... et la fermeture des comptes bancaires du Front national et de sa présidente par la Société générale et HSBC. Les banques, au passage, n'ont pas à ce jour apporté de justifications publiques à ces décisions. Au point que Marine Le Pen a appelé ses sympathisants à un "emprunt patriotique". 

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Alors dans ce contexte, la moindre éclaircie est accueillie comme un soleil d'été. Par exemple, la validation des comptes de campagne de la présidentielle par la commission de contrôle. Ce qui va permettre au parti de se faire rembourser près de 10 millions d'euros par l’État. 

Le Front national regarde maintenant vers son congrès, prévu en mars à Lille

« En avant vers un nouveau Front », c'est le slogan qu'a choisi Marine Le Pen. Pour l'heure, elle délaisse les médias nationaux et fait campagne auprès des militants. Ce sera le cas encore ce dimanche, à Essay, dans l'Orne. La présidente du Front national, seule candidate à sa succession, est pourtant remise en cause par quelques voix à l'intérieur du parti. Un élu régional des Hauts de France et un ancien candidat aux législatives ont revendiqué le droit de se présenter contre Marine Le Pen. Sans succès, faute de parrainages. Mais déjà le geste tient de l'affront au Front ; l'emprise de la famille Le Pen sur le parti n'avait quasi-jamais été contestée - à l'exception d'une tentative de Bruno Gollnisch en 2010. 

Ce congrès n'est pas seulement un test personnel pour Marine Le Pen. Il est aussi le moment de trancher sur le fond : quel combat portera le FN des années 2020 ? La défense de l'identité est désormais mise en avant par Laurent Wauquiez. La critique de l'Union européenne irrigue le discours de Jean-Luc Mélenchon ; dès lors, quels thèmes choisir pour tenter d'être audible, sinon crédible auprès des électeurs potentiels ? 

Il s'agit d'inverser le cycle. Le Front national a fait peur, pour un peu il ferait désormais pitié. A l'image du débat présidentiel raté. [extrait sonore]

Cela dit, attention à tous ceux qui se rassurent à bon compte. Même après ce débat décrit comme une catastrophe sur la forme et sur le fond, le parti de Marine Le Pen a tout de même convaincu plus d'un tiers des électeurs, et recueilli 10 millions et demi de voix. La force du zombie reste qu'il est extrêmement difficile à tuer.

Frédéric Says

L'équipe