Municipales 2014 : ces candidats qui partent à l'abattoir

À Nice, Lyon, Bezons ou Lille, ils s'attaquent à des citadelles imprenables. Comment ces candidats abordent-ils une campagne qu'ils sont sûrs de perdre ?

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Vincent Feltesse sait déjà qu'il sera battu par Alain Juppé à Bordeaux.
Vincent Feltesse sait déjà qu'il sera battu par Alain Juppé à Bordeaux. © AFP

Temps de lecture : 6 min

Il est des fiefs qui échappent aux lois de l'alternance partisane. Ainsi, pour des raisons historiques, économiques et sociologiques, de nombreuses villes de plus de 50 000 habitants comme Montreuil, Versailles, La Rochelle, Lorient ou Antibes n'ont pas changé d'étiquette politique depuis plusieurs décennies. Et cette tendance au monopartisme est encore plus forte lorsque la municipalité est gouvernée par un "poids lourd" qui bénéficie d'une aura médiatique, de mandats nationaux et d'un réseau qui lui permet de favoriser sa ville. Si Martine Aubry à Lille, Christian Estrosi à Nice, François Rebsamen à Dijon, Alain Juppé à Bordeaux ou Gérard Collomb à Lyon sont des personnalités politiques qui ne font pas toujours l'unanimité sur le plan national, ils sont élus, réélus, et aujourd'hui plébiscités dans les sondages, réduisant à néant tout suspense électoral.

Pourtant, leurs adversaires, qui les dépeignent la plupart du temps comme des "monarques" dans leur ville, ne se contentent pas de participer. Motivés par l'amour qu'ils portent à leur ville, par le fait d'assurer la pérennité du débat républicain ou par une place qu'ils pensent pouvoir occuper après le départ de leurs rivaux, leurs motivations sont multiples. Comment aborde-t-on une campagne perdue d'avance ? Réponse avec quelques-uns de ces "masochistes de la politique".

À Dijon, Alain Houpert : la "tortue face au lièvre"

Après trente ans de règne de Robert Poujade (RPR), l'ancienne capitale des ducs de Bourgogne a élu le socialiste François Rebsamen en 2001 puis en 2008. Et si l'on se fie au dernier sondage réalisé dans la ville, le président du groupe PS au Sénat, farouche partisan du cumul des mandats, sera sans doute plébiscité pour la troisième fois.

Son adversaire UMP, Alain Houpert, également sénateur, qui explique ne faire "aucun complexe d'infériorité", déclare au Point.fr puiser sa motivation dans les "très bonnes rencontres" qu'il fait pendant cette campagne. Et il est loin de s'avouer vaincu : pour démontrer qu'il va gagner, il invoque des métaphores animalières. Selon lui, son duel face à François Rebsamen, c'est La grenouille qui se voyait plus grosse que le boeuf ou encore Le Lièvre et la Tortue. Une chose est sûre, il n'a pas peur de prendre l'eau...

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Commentaires (10)

  • ivo

    Limiter le mandat de maire à un seul renouvellement est le seul moyen de renouveler la classe politique, 12 ans est un temps suffisant pour apporter de nouvelles idées, 12 ans crée de nombreux obligés dans bien des cas l'égalité de chance n'existe plus.

  • Contempteurdesoligarques

    Collomb a certes l'avantage, mais la différence entre Lyon et les autres villes que vous citez, c'est que le scrutin est basé sur des arrondissements. Or, certains arrondissements sont en ballottage défavorable pour Collomb. Même s'il est peu probable qu'il perde l'élection municipale, sa défaite dans un ou deux des sept arrondissements qu'il contrôle sur les neufs marquerait son déclin... Et surtout rendrait complexe son élection à la future métropole.

  • slide95

    La Choix a son importance. Peu importe si ces candidats n'ont pas de chances raisonnables de finir en tête, ils représentent une voix à entendre.

    Rien de plus frustrant que de se faire "voler" une élection parce que 2 listes seulement au 1er tour, et que le seul suspense est si l'ex de Nicolas S (enfin, son papa) fera plus ou moins de 75%...