Partager
États-Unis

Donald Trump : le "génie" est-il devenu fou?

"Je pense qu’on peut me qualifier non seulement d'intelligent, mais de génie… et un génie très stable, avec cela!" L"extraordinaire tweet de Donald Trump, samedi matin, a relancé les interrogations sur ses capacités mentales. A-t-il perdu les pédales? Est-il en mesure d'exercer ses fonctions de président? Le débat fait rage, et il n'agite plus seulement les démocrates.

3 réactions
Donald Trump le 5 janvier 2018

Le tweet hallucinant de Donald Trump qui s'autoproclame "génie" va-t-il relancer le débat sur ses capacités mentales?

SAUL LOEB / AFP

Au hit-parade des tweets "non-c'est-pas-vrai-il-a-dit-cela?", qui vous scotchent au réveil, celui de ce samedi matin remporte le pompon: "Tout au long de ma vie, mes deux grandes qualités ont été la stabilité mentale et le fait d'être, genre, très intelligent", en fait "non seulement intelligent, mais un génie… et un génie très stable, avec cela!", indique Donald Trump au reste du monde. A-t-il complètement perdu la boule? Comme le relève le "New York Times", c'est une "défense extraordinaire", de la part d'un président, "de sa capacité mentale et de son aptitude à exercer la fonction", qui "garantit que la discussion sur cette capacité va redoubler d'intensité".

Que s'est-il passé? Le débat sur la santé mentale de Trump, plus vieux président jamais élu, n'est pas nouveau et a redoublé depuis son élection. Fin 2016, par exemple, trois universitaires prestigieuses avaient adressé une lettre à Barack Obama demandant une évaluation médicale et psychiatrique du candidat républicain: "Son instabilité mentale – qui inclut mégalomanie, impulsivité, hyper réaction à la critique, et une apparente incapacité à faire la part entre le fantasme et la réalité – nous conduit à nous interroger sur sa capacité à assumer les immenses responsabilités de sa fonction", écrivaient-elles. Mais pour la base fidèle du président, et ses alliés républicains au Congrès, la réaction était toujours la même: les chiens démocrates aboient, la caravane passe…

Un président qui radote

Ce n'est plus le cas. Depuis quelques mois, une série d'incidents ont remis la question au premier plan, certains anecdotiques (la façon dont il s'est saisi d'une bouteille d'eau minérale et a bu, lors de deux discours), d'autres bien plus graves (son tweet du 2 janvier, se vantant d'avoir un bouton nucléaire "bien plus gros" et "bien plus puissant" que celui de Kim Jong-un). Mais c'est la publication de "Fire and Fury", le livre au canon de Michael Wolff sur le fonctionnement interne de la Maison Blanche, qui a réellement ouvert les vannes.

On a beaucoup commenté les propos de Steve Bannon, dans le livre, sur les contacts "antipatriotiques" et synonymes de "trahison" de l'équipe de campagne de Trump, Donald Jr. inclus, avec les Russes. Mais c'est l'avalanche de jugements dévastateurs de son entourage sur les capacités mentales du président qui a le plus ulcéré ce dernier. "Voilà comment les choses se passent", indique un proche de Trump à Reince Priebus, tout juste nommé chef de cabinet de la Maison Blanche: "Pendant une réunion d'une heure vous allez entendre 54 minutes d'histoires, et ce sont toujours les mêmes qu'il raconte. Donc vous devez vous contenter d'une idée et essayer de la glisser dans la conversation ici et là, dès que vous le pouvez".

Travailler avec lui revient à "essayer de deviner ce que veut un enfant", aurait confié à l'auteur Katie Walsh, une responsable républicaine appelée à la rescousse. Trump est incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, ni même de lire un mémo simplifié. "Non seulement il ne lisait pas, mais il n'écoutait pas", écrit Wolff. "Il préférait être la dernière personne à parler. Et il faisait confiance à sa propre expertise – aussi pitoyable ou à côté de la plaque qu'elle soit – plus qu'à toute autre chose". Aux dires de proches ou d'alliés, Trump est "stupide" (Tom Barrack, un vieux complice) ou "idiot" (Rupert Murdoch).

Le 25ème Amendement

Certains nient les propos que l'auteur leur prête, mais le mal est fait: non seulement Trump n'est pas à la hauteur de la fonction, mais ses énormes déficiences ne trompent absolument personne dans un entourage qui ne peut, dès lors, qu'être décrit comme complice, lâche ou cynique. Cela fait beaucoup, pour un président dont la cote d'impopularité a déjà fait exploser tous les records historiques.

Le débat est donc maintenant public, et intense, sur ses capacités mentales. Avec quelles conséquences? On a beaucoup parlé, ces derniers jours, du briefing donné par une psychiatre à une douzaine d'élus du Congrès sur la santé mentale du président, et leurs réactions très intéressées. Tous se posent les mêmes questions: quelle est l'ampleur de ses problèmes mentaux? Son comportement est-il causé par une quelconque maladie (certains font l'hypothèse d'un Alzheimer, comme pour Reagan), ou s'agit-il simplement de sa personnalité?

En toile de fond, le 25ème amendement de la Constitution, qui prévoit qu'à l'initiative du vice-président et des ministres ou des membres du Congrès, le président peut être destitué s'il est déclaré "incapable" d’"exercer les pouvoirs et de remplir les devoirs de sa charge". En marge de ce débat sur le 25ème Amendement, James Raskin, un congressman démocrate du Maryland, propose de former une commission chargée d'enquêter sur les capacités mentales de Donald Trump, proposition qui a déjà recueilli 56 signatures d'élus à la Chambre des Représentants.

Ce n'est pas cela – pour le moment – qui préoccupe Trump. Ses alliés républicains ne sont pas prêts à lui planter un couteau dans le dos, au contraire: il les tient, grâce à une base fidèle, on peut même estimer qu'il a pris le contrôle du parti. Le danger est politique. L'aptitude d'un président à exercer ses fonctions n'a jamais été discutée au grand jour. La polio de Roosevelt a été soigneusement cachée au public, l'Alzheimer de Reagan n'a été admis que bien après son départ de la Maison Blanche. Et pour cause: l'idée même d'un "roi élu" amoindri, déficient, voire fou est, pour un président américain, une menace mortelle.

3 réactions 3 réactions

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications