LE SEXE SELON MAÏA
Bien installé dans notre panthéon personnel de la malchance génétique, le membre « small size » occupe dans nos angoisses collectives une importance inversement proportionnelle à sa taille. « Petite bite » est une insulte. Les hommes suspectés de « compenser » sont l’objet de moqueries. Ce qui est petit est mignon… sauf s’il s’agit d’un pénis. Puisqu’on pourra difficilement faire sans, comment faire avec ?
Revenons tout d’abord aux basiques : il existe des centaines de (bonnes) raisons de vouloir faire l’amour, et 99 % d’entre elles sont liées au plaisir – en prendre, en donner. Or si la satisfaction sexuelle masculine peut être impactée par la taille du pénis, c’est de manière périphérique : petite ou grande, la machinerie du plaisir pourvoira les mêmes détonations orgasmiques. Des disparités existent, certes. Mais elles se limitent à la confiance en soi (ça ne s’invente pas : les hommes estimant avoir un gros pénis sont aussi plus enclins à se trouver beaux). Que la confiance soit importante, ça se comprend. Mais objectivement, si l’on s’en tient aux sensations, avoir un pénis minuscule ou immense ne rajoute pas de terminaisons nerveuses.
L’argument du plaisir donné repose sur des fondements tout aussi fragiles. Sondage après sondage, la taille du pénis suscite chez les femmes (clitoridiennes, comme nous le rappelions récemment) une presque parfaite indifférence. Les neuf dixièmes d’entre elles se fichent des questions de dimension. Si leur plaisir en dépendait, vous seriez au courant… et leurs profils Tinder auraient une autre allure (« partenaires très très bien montés seulement », « cherche canette de soda pour mariage longue durée »).
Côté nature, les carottes et autres salsifis sont pile de saison, sans parler des poireaux et autres courges butternut pour les plus ambitieuses
Et même si les femmes étaient dépendantes d’un gros pénis pour se satisfaire, ça ne serait toujours pas la fin du monde ! Que l’on parle de plaisir psychologique ou physique, rien n’est plus facile à contrefaire qu’un pénis (rappelons que ces choses-là ne possèdent ni articulations compliquées ni accès au langage). Les godemichés permettent les expérimentations les plus droites, tortueuses, énormes, vibrantes, crénelées, réalistes ou extraterrestres (comme le démontre le modèle appelé Moby, 91 cm de long, 25 kg, 500 dollars, disponible sur Amazon). Côté nature, les carottes et autres salsifis sont pile de saison, sans parler des poireaux et autres courges butternut pour les plus ambitieuses. Les adeptes des sensations humaines mettront la main à la « patte » : ces dernières années ont vu deux livres très instructifs paraître sur la question : Fist, de Marco Vidal (éditions La Découverte, 2015), et Osez le fist-fucking d’Erik Rémès (éditions La Musardine, 2014).
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