LE CHEYLARD Épuisée, l’infirmière rend sa blouse blanche
Comment êtes-vous arrivée à l’Ehpad de l’hôpital du Cheylard ?
J’ai été diplômée en juillet 2016. J’ai travaillé deux mois dans un Ehpad breton (établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes) puis dans un Ehpad dans le Centre de la France. En octobre, j’ai commencé à l’hôpital du Cheylard, en médecine, SSR (soins de suite et réadaptation) et urgences. Puis en décembre, je suis descendue d’un étage, à l’Ehpad.
Vous avez été confrontée dès le départ à des difficultés…
L’hôpital, les urgences, je ne connaissais pas donc je n’ai pas de point de comparaison mais je me suis parfois retrouvée seule avec 35 patients, plus les admissions et les éventuelles urgences. On ne peut clairement pas être à trois endroits en même temps !
Dans votre message, vous employez des mots forts. Vous dîtes même que vous avez parfois été maltraitante…
Oui, des fois on se retrouve obligé de presser les résidents. Un jour, j’ai engueulé un monsieur car il n’était pas dans sa chambre au moment de la distribution des médicaments. Il était parti voir son amoureuse. Je me suis rendu compte que je n’avais pas à le gronder. Il est dans un lieu de vie, il a le droit de se mouvoir. Je me suis mise à pleurer. On se déteste à ce moment-là car, ce qu’on a choisi, c’est le soin et la relation humaine. Je me mets à la place des familles, on n’a pas le droit de traiter les gens comme ça. Mais c’est l’institution, l’organisation qui fait qu’on agit ainsi...
À lire dans les éditions Drôme-Ardèche (papier et abonnés numérique) de ce dimanche