Le réchauffement climatique va faire exploser l'afflux migratoire en Europe

Des chercheurs établissent le lien formel entre réchauffement climatique et afflux migratoire

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Par Xavier Lambert

Selon une étude américaine, publiée dans la revue Science, le nombre de demandeurs d'asile en Europe va quasiment tripler d’ici 2100 si les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent à progresser à leur rythme actuel, et que les températures planétaires augmentent en conséquence.

Les chercheurs ont effet établi une véritable corrélation entre le réchauffement climatique et l'afflux de migrants: sur une période de 15 ans, les demandes d'asile en Europe ont augmenté parallèlement aux "températures plus élevées que la normale" dans les pays d'origine des demandeurs d'asile.

La température idéale pour les récoltes est de 20°C. Plus il fait chaud, plus il y a de sécheresse et plus les récoltes sont mauvaises. En conséquence, les populations sont obligées de partir pour pouvoir se nourrir. 

Des réfugiés climatiques?

L'intuition de ce lien n'est pas nouveau, mais l'étude publiée dans la revue Science est d’une ampleur inédite. Les auteurs, deux scientifiques de l'université Columbia à New York, ont examiné les demandes d'asile de ressortissants de 103 pays déposés dans l'Union européenne entre 2000 et 2014. Ils les ont ensuite comparées aux variations de température dans ces pays. L'étude d'Anouch Missirian et Wolfram Schlenker conclut que "les chocs climatiques sur les régions agricoles dans 103 pays influencent directement l'émigration vers l'Europe".

De quoi créer un statut de "réfugié climatique"? Pas nécessairement, souligne le New York Times, car "les défenseurs des réfugiés craignent que si le traité de 1951 sur les réfugiés était ouvert à la renégociation, les politiciens de divers pays tenteraient d'affaiblir les protections qui existent actuellement". Mais on pourrait s'orienter vers un visa humanitaire spécifique pour les personnes déplacées par le changement climatique, avance le journal, comme cela a été proposé en Nouvelle-Zélande.

 

"La question migratoire est une priorité absolue pour l’UE, a commenté dans le Monde l'expert en géopolitique de l’environnement de l'ULG François Gemenne. En ce sens, l’étude est intéressante car elle peut nous aider à corriger la myopie des gouvernements actuels, qui font encore la distinction entre les bons réfugiés politiques d’un côté, les méchants migrants économiques de l’autre. La moitié de la population africaine, par exemple, tire l’essentiel de ses revenus de l’agriculture de subsistance. Elle est très vulnérable au dérèglement du climat. Autrement dit, ceux que l’on qualifie de “migrants économiques” sont aussi des migrants environnementaux ou climatiques."
 

 

 

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