POLITIQUEMunicipales 2014: A Neuilly-sur-Seine, la droite se livre une guéguerre avec Sarkozy en toile de fond

Municipales 2014: A Neuilly-sur-Seine, la droite se livre une guéguerre avec Sarkozy en toile de fond

POLITIQUEDeux candidats de droite se présentent face à Jean-Christophe Fromantin, le maire sortant, qui a reçu le soutien de l’UMP...
Les candidats de droite à la mairie de Neuilly: Franck Keller, le maire sortant Jean-Christophe Fromantin, Bernard Lepidi.
Les candidats de droite à la mairie de Neuilly: Franck Keller, le maire sortant Jean-Christophe Fromantin, Bernard Lepidi. - Enora OLLIVIER / 20 Minutes - WITT/SIPA - Benjamin COULAIS / J'aime Neuilly
Enora Ollivier

Enora Ollivier

Neuilly-sur-Seine a la réputation de «ghetto de riches» qui lui colle à la peau. Et pourrait bien, à l’occasion de l’élection municipale de mars, récupérer aussi celle de cité où la droite se livre une guerre fratricide. La ville des Hauts-de-Seine joue cette année un remake de l’élection de 2008, qui avait vu la victoire de l’UDI Jean-Christophe Fromantin après le lâchage en plein vol par l’UMP de son très sarkozyste candidat David Martinon. Six ans plus tard, le maire se représente avec le soutien de l’UMP mais doit faire face à trois autres candidatures, une socialiste et deux issues de la droite.

«Si le bilan avait été bon, je n’aurais pas été candidat», raconte Franck Keller, membre de l’UMP, mais qui se présente sous l’étiquette «divers droite». «Beaucoup de choses ne vont pas à Neuilly», renchérit Bernard Lepidi qui a lui monté une liste «fidèle à Nicolas Sarkozy». Les griefs adressés par les deux hommes au maire actuel sont nombreux: HLM dégradées, hausse de l’insécurité, problème de ramassage de déchets…

«Moi je suis sarkozyste!»

Les sujets mis sur le devant de la table sont locaux, mais le crime originel de Fromantin, c’est bien de s’être imposé dans le fief de Nicolas Sarkozy. Le maire est même suspecté par ses opposants de s’être vanté d’avoir «désarkoïsé» Neuilly, ce que l’intéressé réfute. Ici, l’ex-chef de l’Etat, qui a été maire de la ville pendant 19 ans, a recueilli 84,2% des voix au second tour de la présidentielle et jouit d’une popularité tenace.

Aussi, sur le marché des Sablons, ce mercredi-là, Franck Keller n’oublie pas de montrer aux passants qu’un de ses colistiers a été adjoint de l’ancien hôte de l’Elysée. L’argument fait mouche. «Moi je suis sarkozyste!», s’exclame une femme qui assure au candidat qu’elle va «parler autour d’elle et lui apporter des voix». «Je ne vote pas pour les traîtres», affirme-t-elle. Et raconte n’avoir pas supporté le soutien de l’UMP à Jean-Christophe Fromantin.

Le sujet a déjà provoqué des mini-psychodrames dans la ville. Le 5 février, Anthony Dodeman, le responsable de la section neuilléenne de l’UMP a claqué la porte, estimant que son parti soutenait un homme qui a «entretenu la défiance contre (leur) famille politique». Il a depuis rejoint la liste de Bernard Lepidi, qui se dit «fan de Nicolas Sarkozy» et «imagine qu’un un candidat sarkozyste à Neuilly ne soit pas déplaire» à l’ancien Président.

«Je n’entends pas le bruit de fond de mes adversaires politiques»

«Ce n’est pas parce que les Neuilléens - moi y compris - ont voté Sarkozy à la présidentielle qu’ils vont choisir béats des candidats aux municipales qui crient "vive Sarkozy"», rétorque Jean-Christophe Fromantin, certain que la «population fait bien la part des choses». Au passage, il raille ses adversaires «dont ne ou deux auraient voulu être sur ma liste».

Et quand ceux-ci lui reprochent un manque d’investissement pour sa commune – il est à la fois maire, vice président de Paris-Métropole, vice-président de l’UDI, et député - il assure «faire des réunions d’appartements, qui réunissent chaque soir une quarantaine d’habitants». «J’entends ce que eux disent, et pas le bruit de fond de mes adversaires politiques». Puis il retourne l’argument comme un gant: «Que mes concurrents fassent d’abord leur introspection par rapport à Nicolas Sarkozy qui en 2007 était ministre de l’Intérieur, président de l’UMP, président du Conseil général des Hauts-de-Seine et candidat à l’élection présidentielle avant de dire quoi que ce soit». Lepidi et Keller se voient bien, chacun, arriver au deuxième tour et mettre le maire sortant en difficulté. Nul doute que la soirée du 23 mars sera, ici plus qu’ailleurs, brûlante.