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80km/h sur les routes : 335 millions de revenus supplémentaires pour l'État?

VIDÉOS - La baisse de 10 km/h de la vitesse sur les routes implique plusieurs modifications sur la voirie, pour un coût de 5 à 10 millions d'euros selon Matignon, avec l'objectif de sauver jusqu'à 400 vies par an. En outre, la mesure pourrait rapporter jusqu'à 335 millions d'euros annuels, selon l'hebdomadaire Auto Plus.

Le gouvernement doit présenter aujourd'hui mardi 9 janvier un plan comportant une vingtaine de mesures pour faire reculer le nombre de morts et de blessés sur les routes. En 2016, 3477 personnes ont perdu la vie sur les routes françaises, un chiffre en hausse continue depuis 2013, et le plus bas historique de 3268 tués. La France n'avait jamais connu de hausse aussi régulière du nombre de morts depuis 1972, dans un contexte de fort développement du trafic routier. Du coup, l'exécutif a choisi la manière forte et validé une mesure particulièrement impopulaire: la baisse de la vitesse maximale autorisée. «Si pour sauver des vies, il faut être impopulaire, j'accepte de l'être», estimait ainsi le premier ministre Édouard Philippe dimanche dernier.

Changer les panneaux, reprogrammer les radars

Les routes à double sens hors agglomération ont en effet concentré en 2016 plus de la moitié des accidents mortels, et y baisser la vitesse permettrait de sauver «350 à 400 vies» par an, estime le gouvernement. La nouvelle vitesse autorisée concernerait les routes à double sens sans séparateur central (terre-plein, glissière, muret...), soit environ 400.000 kilomètres de réseau, et devrait être effective au 1er juillet 2018. Pour ce faire, il s'agit de modifier les quelque 20.000 panneaux d'affichage de vitesse maximale autorisée qui marquent aujourd'hui «90». Le coût est estimé à «5 à 10 millions d'euros» selon Matignon. Mais qui paiera réellement la facture? En théorie, sur ce type de route, ce sont les collectivités locales, régions et département, qui assument l'aménagement, mais le gouvernement n'a pas encore fait d'annonce précise sur le financement de ces modifications conséquentes de voirie.

À noter, la modification aura également un coût pour certaines entreprises, comme par exemple les applications de transport, qui devront modifier leur cartographie en conséquence, une modification cependant assez facile à effectuer.

Un magot supplémentaire pour l'État?

Mais si le projet a un coût matériel, ses opposants ne manquent pas de rappeler qu'il générera des revenus bien plus importants. Un peu moins de 1000 cabines radars sont actuellement réglées sur la vitesse de 90 km/h, et seraient donc reprogrammées. En décembre, le journal spécialisé Auto Plus avait ainsi essayé d'estimer les rentrées supplémentaires d'argent pour excès de vitesse, en s'appuyant sur un «test national» effectué par la Sécurité Routière sur différentes routes entre 2015 et 2017. La vitesse autorisée y avait été abaissée à 80 km/h, et les radars concernés avaient en moyenne «flashé» quatre fois plus que sur le reste du réseau. En extrapolant cette statistique à l'ensemble des routes visées, le journal a calculé que la baisse de vitesse rapporterait, au moins dans les premiers temps et en fonction du manque d'adaptation des conducteurs, environ 335 millions d'euros annuels supplémentaires!

Une manne utile, bien que le gouvernement ne mette pas en avant ce surplus financier dans sa décision: selon la Cour des comptes, «plus de 50% des recettes des amendes ne sont pas directement affectées à la mission» de sécurité routière. Une partie de l'argent des radars est en effet affectée au «désendettement de l'État».

Adversaire déclaré de la mesure, Auto Plus avait par ailleurs enquêté sur ce «test» de baisse de vitesse autorisée mené sur différentes routes depuis 2015, et qui sert de baromètre au gouvernement pour souligner le bien-fondé de sa décision. L'hebdomadaire soulignait notamment que l'expérimentation avait été accompagnée de 16 millions de travaux, et que les accidents, plutôt que de baisser, s'étaient déportés sur d'autres axes proches, plus empruntés.

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