Chantre de la démondialisation, le socialiste Arnaud Montebourg serait aujourd'hui accueilli à bras ouverts à Washington. Le ministre du Redressement productif s'y trouverait en phase avec une bonne partie des élus. Il pourrait vendre sur les marches du Congrès son Votez pour la démondialisation, publié en 2011 chez Flammarion, sans risquer de passer pour un franchouillard attardé à tendances protectionnistes prononcées. Le Congrès est d'humeur « montebourgienne » : il doute des mérites absolus du libre-échange.
Le Sénat, notamment, est en passe sinon de torpiller, du moins de sérieusement affaiblir la politique commerciale de Barack Obama. Une curieuse coalition de démocrates et de républicains s'y emploie. Vérité de l'histoire économique : dans la famille occidentale, Américains et Français sont les moins génétiquement libre-échangistes.
Volontaire, Obama veut, lui, une nouvelle phase de libéralisation des échanges. Il croit dans le « libre commerce » cher à Montesquieu. Il a lancé deux grandes négociations à cette fin : l'une entre les Etats-Unis et l'Union européenne, le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) ; l'autre avec une dizaine de pays de la région Asie-Pacifique, le Partenariat trans-Pacifique (TPP).
C'est la plus grande tentative de ces dernières années pour stimuler la mondialisation commerciale. Le président poursuit un triple objectif. Conjoncturel, d'abord : il veut donner un coup de pouce aux exportateurs américains et favoriser l'emploi qualifié aux Etats-Unis. Diplomatique ensuite : il renforce les liens avec l'Europe que chagrine le nouveau tropisme asiatique de la diplomatie washingtonienne.
Enfin, plus important, l'objectif est stratégique : il s'agit de s'accorder sur des normes communes en matière de qualité des produits, de règles sanitaires, environnementales et sociales, de protection des données privées et de la propriété intellectuelle, etc. Sauf à s'entendre ainsi pour tirer vers le haut l'ensemble de ces standards, le plus grand des marchés émergents imposera les siens : la Chine – qui ne fait pas partie des pays aujourd'hui invités à conclure ce TPP avec l'Amérique. Dans l'affrontement de l'économie globale, l'enjeu est de taille.
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