ÉTATS-UNIS - Le dérapage du jour est servi. Ce jeudi 11 janvier aux États-Unis, Donald Trump a déclenché une nouvelle polémique. Comme l'ont rapporté plusieurs médias locaux dont le Washington Post et NBC News, à l'occasion d'une réunion en compagnie de législateurs, le milliardaire a tenu des propos particulièrement litigieux au sujet des immigrants menacés par ses projets de réformes.
Ce rendez-vous devait évaluer la possibilité de restaurer des protections pour les immigrants en provenance notamment d'Afrique, du Salvador et d'Haïti, dans le cadre d'un projet de loi sur l'immigration. Des débats qui ont visiblement agacé Donald Trump, qui a déclaré ceci:
"Alors que Durbin lui expliquait qu'un tel accord aurait un impact sur les gens en provenance d'Haïti, Trump a répondu, 'Haïti? Pourquoi est-ce qu'on veut avoir des gens d'Haïti ici?' Et ensuite ils ont parlé de l'Afrique. 'Pourquoi est-ce qu'on veut des gens qui viennent de tous ces pays de merde? On devrait avoir plus de gens d'endroits comme la Norvège."
Comme l'ont noté de nombreux journalistes, la réponse faite par la Maison Blanche dans la foulée ne niait d'ailleurs pas que le président des États-Unis ait tenu ces propos. Voici le contenu du communiqué: "Certains politiciens à Washington choisissent de se battre pour des pays étrangers, mais le président Trump se battra toujours pour le peuple américain. Le président n'acceptera un accord sur l'immigration que s'il s'attaque correctement au système d'attribution de visas par loterie et à la migration en chaîne, deux programmes qui fragilisent notre économie et permettent à des terroristes d'entrer dans notre pays."
Et le texte continue ainsi: "Comme d'autres pays qui fondent leur politique d'immigration sur le mérite, le président Trump se bat pour trouver des solutions permanentes, qui rendront notre pays plus fort en accueillant ceux qui peuvent contribuer dans notre société, faire grandir notre économie et s'intégrer dans notre grande nation. Il rejettera toujours les solutions de circonstance, faibles et temporaires qui menacent la vie des travailleurs américains et sapent celle des immigrants venus légalement aux États-Unis chercher une vie meilleure."
Comme le rapporte encore le Washington Post, les discussions sur un projet de loi concernant l'immigration n'ont pour l'heure par porté leurs fruits. Après la réunion, l'un des conseillers de Trump en matière de législation a expliqué que la Maison Blanche était à des lieues de trouver un accord avec les démocrates sur le sujet.
Dans une série de tweets postés vendredi matin (peu avant 13h30 à Paris), Donald Trump a reconnu avoir tenu des "propos durs" lors de la réunion, mais a laissé entendre qu'il n'avait pas utilisé l'expression "pays de merde". "Le langage que j'ai utilisé lors de la réunion sur le DACA était dur, mais ce ne sont pas les mots utilisés", a-t-il écrit. "Ce qui était vraiment dur en revanche était la proposition folle qui a été faite - un immense pas en arrière pour le DACA!", a-t-il ajouté.
Des propos "choquants", "honteux" et "racistes" selon l'ONU
Ses propos sur les "pays de merde", eux, ont évidemment été très largement repris et commentés outre-Atlantique, déclenchant notamment une vague d'indignation du côté des personnalités politiques d'opposition.
"Monsieur le président, ce qui rend l'Amérique grande, c'est la somme de toutes ses parties. Nous avons tous été des étrangers à un moment. Le monde nous respecte grâce à notre diversité, notre ouverture et notre respect pour tous les humains. Arrêtez de gâcher tout cela."
"Tous les êtres humains ont de la valeur, monsieur le président. C'est juste que tous n'ont pas reçu des millions de dollars pour bien démarrer dans la vie. Votre choix de mot dépréciatif pour certains pays souligne peut-être plus encore ce qui peut pousser certains à chercher la vie meilleure dont vous avez été doté dès la naissance."
"Les immigrants en provenance de pays partout sur la planète -y compris et en particulier d'Haïti et de certains parties de l'Afrique- ont aidé à construire ce pays. Ils devraient être accueillis et célébrés, et non dégradés et insultés."
"Je condamne cette déclaration impardonnable et cette déchéance de la fonction présidentielle. Je me battrai toujours pour les plus vulnérables d'entre nous et contre le sectarisme sous toutes ses formes."
L'ONU, de son côté, a jugé ces propos "choquants", "honteux" et "racistes". "Ce n'est pas seulement une question de vulgarité du langage", a relevé vendredi le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme Rupert Colville, indiquant qu'il n'était pas tolérable de dénigrer de la sorte des nations et des continents entiers en les appelant "pays de merde" et de considérer que leur "population entière, qui n'est pas blanche, n'est pas la bienvenue".
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