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IRAN

La télé officielle iranienne prise en plein trucage de micro-trottoir

Alireza Manani, un des passants interviewés par la télé publique iranienne, a ensuite critiqué la dénaturation de ses propos.
Alireza Manani, un des passants interviewés par la télé publique iranienne, a ensuite critiqué la dénaturation de ses propos.
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La télévision publique iranienne a diffusé, la semaine dernière sur plusieurs chaînes, un reportage dans lequel des habitants de Téhéran soutiennent les récents blocages des réseaux sociaux entrepris par le gouvernement. Sauf que deux des interviewés ont ensuite déclaré, sur les réseaux sociaux, qu’ils avaient justement affirmé le contraire et que leurs propos avaient été détournés.  

Le 31 décembre, après plusieurs manifestations en Iran, les autorités ont bloqué les deux réseaux sociaux les plus populaires du pays : Instagram et Telegram, notoirement utilisés par les manifestants, mais aussi par des millions d’autres Iraniens. Depuis, l’accès à Instagram a été rétabli, mais l’application de messagerie cryptée Telegram – utilisée par 47 millions de personnes en Iran – reste bloquée.

Dans un reportage de deux minutes, diffusé le 6 janvier, un journaliste est en train de faire des interviews dans les rues de Téhéran. Dans cette vidéo, il apparaît que toutes les personnes interrogées se réjouissent du blocage des réseaux sociaux, et défendent la décision des autorités.

 

"Sans réseau social, on peut rendre visite à ses parents"

Cependant, depuis la diffusion, au moins deux hommes ont déclaré sur leurs comptes Instagram respectifs que le reportage était manipulateur. Ils ont expliqué que les citations avaient été tronquées et qu’ils avaient en fait voulu critiquer le blocage. Le premier s’est exprimé en vidéo, le deuxième, Alireza Manani, a publié un texte avant d’être interviewé par une web TV. 

Le post d'Alireza Manani sur Instagram.

Les accusations de ces deux hommes ont été massivement partagées sur les réseaux sociaux, ce qui a contraint la télévision officielle à réagir. Dans un communiqué du 9 janvier, le journaliste auteur du reportage se défend en affirmant qu’il manquait de temps pour le montage et a diffusé une version plus longue des interviews, qui est venue confirmer les critiques des deux hommes.

Le premier homme, par exemple, commente dans le reportage l’utilisation de Telegram : “J’étais en train de regarder une photo [sur Telegram] en conduisant et j’ai percuté une voiture en face de moi”. Dans la version longue, il ajoute : “Si on se brûle avec une tasse de thé, allons-nous interdire le thé ? Boire du thé en conduisant n’est pas sûr non plus, mais cela implique-t-il qu’il ne faille pas boire de thé en général ?”,  une interrogation qui rend sa critique des réseaux sociaux toute relative.

Le deuxième reportage diffusé par la télévision publique, avec des interviews plus longues

La télévision publique sous le joug du Guide suprême

La télévision officielle iranienne est connue pour défendre un point de vue conservateur, tout en excluant les autres opinions politiques. Le directeur des médias officiels est directement nommé par le Guide suprême Ali Khamenei. Bien qu’aucune étude statistique n’ait été menée indépendamment, des études réalisées par des sites d’information iraniens affirment que 33 à 44 % des citoyens ne regardent pas les chaînes de télévision officielles.

Selon la direction de la chambre de commerce de Téhéran, entre 10 000 et 15 000 emplois pourraient disparaître à cause du blocage des réseaux sociaux, puisque le commerce en ligne s’effectue en grande partie sur Telegram.

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