Cameroun : 43 morts sur des sites miniers abandonnés en 2017

L’ONG camerounaise Forêts et Développement Rural (Foder), pointe du doigt ce mercredi des sites miniers ouverts et non réhabilités par des sociétés minières chinoises.

Mine à ciel ouvert à Arlit, au Niger (photo d’illustration) © AP/SIPA

Mine à ciel ouvert à Arlit, au Niger (photo d’illustration) © AP/SIPA

Publié le 10 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

« Le compteur du nombre de personnes décédées dans les trous miniers […] monte à 43 personnes en l’espace de 10 mois » en 2017, principalement dans la région administrative de l’Est du Cameroun, s’alarme ce mercredi 10 janvier l’ONG Forêts et Développement Rural (Foder).

Foder lutte pour la réhabilitation des trous « béants » laissés par des exploitants de sites miniers, principalement des entreprises chinoises. Dernier drame en date, neuf chercheurs d’or ont perdu la vie, fin décembre, ensevelis dans un trou « d’un site minier ouvert et non réhabilité de la société minière chinoise Lu et Lang », peut-on lire sur le rapport de l’ONG camerounaise. Joint par Jeune Afrique, l’interprète de la société chinoise sur place n’a pas souhaité commenter.

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Selon l’ONG, les victimes avaient été surprises « par un éboulement de terre alors [qu’elles] s’attelaient à faire le ‘ngueré’ (recherche de l’or sur des sites préalablement exploités par les sociétés minières) dans un des trous béants d’environ 200 mètres » de profondeur, a précisé l’ONG. La radio d’État avait évoqué le drame.

250 chantiers miniers ouverts et non réhabilités dans l’Est

« Au moins des poursuites pour homicide involontaire devraient être ouverte contre cette entreprise. Au-delà de l’administration locale qui doit assurer l’ordre public, le Ministère public doit se saisir de ce cas », estime Laurence Wete Soh, juriste au sein de Foder.

Nous essayons de décourager les riverains à poursuivre cette activité risquée

« Il faut aussi nuancer les choses et souligner que les gens qui tentent de chercher de l’or sur ces sites se mettent aussi eux-mêmes en danger. Nous essayons de décourager les riverains à poursuivre cette activité risquée », précise à Jeune Afrique Yves-Bertrand Awoulefac, préfet de Lom-et-Djérem, département de l’Est du Cameroun où a eu lieu le dernier incident.

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« Il est vrai qu’il y a aussi un certain nombre de choses à revoir avec les sociétés qui obtiennent des autorisations pour exploiter le secteur minier dans la région, à commencer par les méthodes d’extraction », a-t-il ajouté

De son côté, l’ONG a déjà engagé des actions, en vain. « Nous avons lancé une campagne de sensibilisation auprès des communautés il y a deux ans pour alerter les autorités locales, les administrations et le ministère en charge des mines sur la nécessité de restaurer des sites miniers creusés et abandonnés par les exploitants. Rien n’a été fait pour l’instant », regrette Christelle Kouetcha, porte-parole de l’ONG contactée par Jeune Afrique.

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De 2012 à 2014, pas moins de « 250 chantiers miniers ont été ouverts et non réhabilités par 65 entreprises de la mine semi-mécanisée dans la région de l’Est », selon une étude publiée par Foder en 2015. Cette région du Cameroun regorge de sites miniers, avec l’or comme ressource la plus exploitée, souvent de manière artisanale.

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