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Augmentation de la CSG : "matraqués", "abandonnés", malaise chez les retraités
Pour une majorité de retraités, 2018 démarre avec un serrage de ceinture.

Augmentation de la CSG : "matraqués", "abandonnés", malaise chez les retraités

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Avec l'augmentation de la CSG entrée en vigueur au 1er janvier, l'année 2018 commence par un calcul à la baisse de six pensions sur dix.

Papi et mamie blues en ce début d'année. Avec la mise en œuvre de la hausse de 1,7% de la CSG prélevée sur les pensions, le pouvoir d'achat de 60% des retraités (ceux au-dessus de 1.200 euros brut) en prend un coup en 2018. Augmentant le malaise d'une partie d'entre eux qui se sentent"matraqués", voire "abandonnés"

Martine a 68 ans. Ex-secrétaire, elle confie à Marianne"lutter de plus en plus" pour vivre avec ses "1.350 euros brut mensuels". "Je n'ai rien volé, fait-elle valoir. J'ai travaillé, parfois trop, et maintenant on baisse ma pension pour aider ceux qui travaillent, comme ils disent. Mais moi aussi j'ai besoin d'aide !"

"Plus que la mesure, les mots ont bousculé"

Derrière ce "ils", le gouvernement et Emmanuel Macron, qui a pensé la hausse de la CSG pour augmenter les salaires des actifs, qui en parallèle de la CSG voient leurs cotisations sociales diminuer. Les retraités, eux, n'ont pas cette compensation. "Plus que la mesure, les mots ont bousculé, analyse pour Marianne Francisco Garcia, président de l'Union nationale des retraités et personnes âgées (Ensemble et solidaires - Unrpa). On a demandé aux personnes âgées d'être solidaires, c'était comme les montrer comme des égoïstes. Alors qu'on détricote leurs acquis depuis des années…"

Plusieurs "reculs" ont marqué les esprits de nos aînés ces dernières années, souligne-t-il. La suppression de la demi-part fiscale pour les veuves et veufs en 2014, puis le gel des pensions entre 2014 et 2016. "C'est pas cette année qu'on aura du mieux souffle Jean, 71 ans. Tout augmente alors que nos pensions sont surtaxées et tirées vers le bas". Et ce, alors que le quotidien des ex-actifs au repos n'est pas épargné par les autres hausses du prix de la vie, comme celle du prix du litre de gazole de 7,6 centimes, celui de l'essence de 3,9 centimes, ou encore celle du gaz de 2,6%.

"Maintenant je compte le moindre sou"

Mais il va falloir prendre son mal en patience. Sur le front des pensions, la prochaine revalorisation n'est prévue que pour 2019. D'ici là, le gouvernement a tout de même promis quelques coups de pouce en direction des séniors. Le dernier budget de la Sécurité sociale prévoit ainsi des hausses du minimum vieillesse pour les trois années à venir. Objectif : hisser cette aide au-dessus des 900 euros.

"Qu'importe les annonces, la majorité des personnes âgées se sent victime, flouée. Ce sentiment s'est solidement installé" rapporte Francisco Garcia. "Maintenant je compte le moindre sou pour ne pas me faire avoir, je cherche où peut être l'entourloupe" témoigne Martine, devenue méfiante.Ce mois-ci, elle a d'ailleurs cru déceler une erreur dans le calcul de sa pension : le prélèvement de sa CSG aurait été plus important que promis, puisqu'elle constate un recul de sa pension de 1,84%, et non 1,7%. En fait, le phénomène a une explication mathématique. Mais pour ceux qui l'ignoraient, c'est une nouvelle déception.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne