Insolite : à Paris, un bar où les tarifs varient comme à la Bourse

Au Wall Street bar, dans le quartier de Pigalle (IXe), les prix des boissons varient comme le cours de la Bourse. Insolite et amusant. Alors, on a testé.

 Aux murs des écrans du bar s’affiche la carte des boissons aux prix qui fluctuent.
Aux murs des écrans du bar s’affiche la carte des boissons aux prix qui fluctuent. LP/ Jean Nicholas Guillo

    Vous avez tous en tête ces images de traders surexcités pendus au téléphone, les yeux rivés sur un écran où défilent des chiffres et des chiffres. Au Wall Street bar, à Pigalle, l'ambiance est un peu similaire. Car ici, les prix des boissons varient… comme les cours de la Bourse ! Ainsi un verre de vin affiché sur les écrans à 4 € peut s'envoler quelques minutes plus tard à 8 € ou s'effondrer à 2,20 euros !

    « Le logiciel a été élaboré par un informaticien et c'est un algorithme aléatoire qui fait varier les prix, explique Eric Coursières, directeur du bar ouvert en 2016 sur un concept imaginé à Toulouse (31). Toutes les 100 secondes, certains prix augmentent et d'autres baissent. »

    Une sacrée montée d'adrénaline quand on a l'esprit joueur ! Et qui donne lieu à des situations insolites. « Tout à l'heure, le verre de pastis est descendu à 2,80 €. Un groupe de cinq amis a décidé d'en acheter 25 d'un coup, pour profiter de la bonne affaire ! », raconte le gérant.

    LP/Jean Nicholas Guillo
    LP/Jean Nicholas Guillo LP/ Jean Nicholas Guillo

    Jeudi, 22h30. Un sex-shop d'un côté, un bureau de poste de l'autre. On est loin des tours de la Défense. La salle est bondée de jeunes cadres en afterwork, étudiants et bandes de potes. La sono crache des tubes des années 2000. Certains de ces traders d'un soir dévorent une planche de charcuterie ou une assiette de frites. Au bar, la file s'allonge. Lily, la trentaine, sirote une pinte de blonde. « J'ai payé ma bière 8,30 € alors que mon ami a eu la sienne à 5,80 €, deux minutes plus tôt ! » s'esclaffe-t-elle, bonne perdante.

    Les prix vont du simple au triple

    Et encore, l'écart n'est pas si méchant. Parfois, les prix peuvent aller jusqu'à tripler, d'une session à l'autre. « Si on voit que la pinte de Stella est à 13 €, on va prévenir le client qu'en attendant quelques minutes, il pourra avoir un meilleur prix, assure Eric Coursières. Le but c'est quand même qu'il s'amuse ! »

    LP/Jean Nicholas Guillo
    LP/Jean Nicholas Guillo LP/ Jean Nicholas Guillo

    Plusieurs fois par soirée, une sirène retentit. C'est le krach boursier. Tous les prix s'affichent au plus bas pendant une session de 100 secondes. Ruades vers le bar, pour passer commande. Les serveurs débordés inscrivent sur un papier les desiderata de chacun avec les prix correspondant, pour ne pas perdre de temps.

    Attention aux mélanges !

    L'ambiance est bon enfant, ça parle fort et tout le monde s'interpelle. « C'est super d'avoir des bars avec des concepts innovants comme ça, ça change, commente Etienne, qui vient être embauché comme consultant à Paris. Et puis, c'est malin d'un point de vue business ! Quand les prix sont bas, on a le sentiment de faire une bonne affaire, alors on commande davantage ! » « C'est aussi le bar du mal de crâne, plaisante Roberto, venu entre copains. Comme on veut profiter de ce qui est le moins cher et que ça varie sans cesse, on fait plein de mélanges d'alcool et après, bonjour les dégâts ! ».

    Mais le concept ne fait pas tout. « Le client entre la première fois par curiosité pour ce système de trading, mais si l'on veut qu'il revienne, il faut faire en sorte qu'il y ait une bonne ambiance », assure le patron. Pari gagné. Le bar organise aussi des soirées à thème, des blind tests, des DJ sets et retransmet des matches de foot et de rugby.

    Wall Street bar, ouvert tous les jours de 17 heures à 2 heures. 12 heures à 2 heures le week-end. wallstreetbar.fr