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Qwant, le moteur de recherche français qui veut contrer Google sur la vie privée
Comment contourner le mastodonte Google et ses 3,3 milliards de requêtes par jour ?

Qwant, le moteur de recherche français qui veut contrer Google sur la vie privée

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Lors de la visite diplomatique d'Emmanuel Macron en Chine, plusieurs entreprises françaises l'ont accompagné. Parmi elles, Qwant, moteur de recherche français qui assure garantir à 100% la vie privée de ses utilisateurs.

Peu d'internautes ne sèchent pas au moment de citer d'autres moteurs de recherche que Google. Avec 9 internautes sur 10 qui l'utilisent, le géant américain est en situation de quasi-monopole. Mais un Français fait de la résistance : Qwant. Présente lors du déplacement d'Emmanuel Macron en Chine, l'entreprise explique vouloir s'attaquer aux expatriés européens là-bas : "Nous sommes venus expliquer aux autorités chinoises que nous ne prenons pas les données des internautes pour les transférer en Europe", explique Eric Léandri, fondateur de Qwant, à Marianne. Dans un pays où les internautes sont surveillés par le pouvoir, l'argument aurait aussi l'avantage de pouvoir séduire la base.

Lancée en 2013 à Nice, la start-up totalise 52 millions de requêtes par mois dans le monde, et rassemble aujourd'hui 4% des recherches en France, selon un sondage Ifop. De grands groupes comme Nathan, Universal ou encore l'Allemand Axel Springer ont apporté une contribution financière à l'entreprise. Depuis cinq ans d'existence, le moteur de recherche basé à Paris n'a jamais caché son ambition de s'attaquer à Google. Mais comment contourner le mastodonte aux 3,3 milliards de requêtes par jour ? En s'attaquant à son talon d'Achille : la commercialisation qu'il fait des données personnelles. Pour se démarquer sur le marché des moteurs de recherche, le Français se fait donc fort de proposer un Internet qui "respecte la vie privée". "Chez Qwant, explique Eric Léandri, nous avons 14 personnes qui gèrent exclusivement le fait de garantir votre vie privée".

"Le seul au monde"

Cette garantie de préservation des données des utilisateurs est l'argument massue du moteur de recherche. "Le seul au monde" à offrir cette prestation, martèle Eric Léandri. Quid de ses concurrents comme DuckDuckGo, qui font également la promotion de leur respect de la vie privée ? "Ce n'est pas un moteur de recherche, c'est un métamoteur", balaie l'entrepreneur. Les métamoteurs servent d'intermédiaire entre l'internaute et les "vrais" moteurs de recherche. Mais il est compliqué d'être certains qu'ils respectent la vie privée, quand ils collaborent avec une ou plusieurs sociétés tirant leurs ressources de la vente de données auprès des annonceurs.

Mais si Qwant se targue de ne pas utiliser ce ciblage auprès des publicitaires, comment fait-il pour vivre ? "De 1997 à 2004, Google ne prenait pas vos données", rappelle Eric Léandri, ce qui n'empêchait pas l'Américain d'engranger un chiffre d'affaires plus que confortable. Faute de données à vendre, la start-up française se finance en partie par le e-commerce : "A peu près 30% des requêtes d'utilisateurs concernent le shopping, et 4% des utilisateurs cliquent sur de la pub. C'est énorme". Concrètement, cela veut dire que rien qu'en faisant vos emplettes sur Internet, vous rapportez déjà 12 euros par an à Qwant. A raison de 52 millions de requêtes par mois dans le monde, le moteur de recherche peut assurer son développement.

Un objectif européen

A l'heure actuelle, la start-up française continue d'ailleurs de grandir. En 2015, elle a lancé en partenariat avec l'Education nationale, Qwant Junior, une plateforme qui permet de bloquer les contenus violents pour les enfants. L'entreprise est en partenariat avec neuf académies en France. Un nouveau projet, cette fois-ci musical, a vu le jour cette année : Qwant Music. Le service doit permettre de répertorier en une seule page chacune des activités en lien avec un artiste, autant en terme de réseau sociaux, d'articles, que de musique.

Après avoir déménagé à Paris, où se trouvent la majorité de ses serveurs, la start-up française s'est exportée en Europe, ouvrant des bureaux en Allemagne, en Italie ou encore en Suisse. Avec l'ambition de devenir le moteur de recherche européen : "Si vous voulez un moteur de recherche européen, à l'heure actuelle, nous sommes les seuls à pouvoir l'offrir."

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne