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Le grand remplacement des humains par des sextoys est-il en cours ?

Le brouillage entre l’humain et l’objet ne date pas d’hier et cette peur d’une substitution de l’un par l’autre révèle, avant tout, l’angoisse des hommes d’être dispensables, estime Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale ».

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Publié le 14 janvier 2018 à 06h35, modifié le 14 janvier 2018 à 06h35

Temps de Lecture 5 min.

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LE SEXE SELON MAÏA

On l’apprenait en début de semaine, 48 % des Français croient au grand remplacement. Pendant que les cancres réviseront les statistiques de l’immigration, courons nous mettre au lit… pour constater que le même alarmisme existe dans la sphère sexuelle ! On l’entend à intervalle régulier : la « technologisation » de la sexualité va anéantir le lien social, sentimental, affectif (et puis y’a plus de saisons, ma bonne dame). Nous serons bientôt remplacés par la pornographie, les sexdolls plus ou moins robotisées, les réseaux sociaux, et bien entendu les sextoys.

A coups de muses virtuelles et de fantasmes connectés, nous écoperons après-demain de désirs découplés du rapport à l’humain. Les vrais hommes ? Pas assez performants. Les femmes en chair et en os ? Pas assez disponibles. Le retour de la peste bubonique ? On y va.

Pour commencer, rappelons que si ce grand remplacement-là était d’actualité, il arriverait bien tard : selon qu’on se réfère aux fouilles archéologiques ayant trouvé un possible premier godemiché en Allemagne, datant de 28 000 ans, ou à Aristophane qui évoque leur existence dans Lysistrata il y a 2 400 ans, on se demande pourquoi l’humanité aurait disposé d’un remède à la misère sentimentale et/ou sexuelle pendant des siècles… pour en utiliser le plein potentiel seulement maintenant (on n’est pas toujours des flèches, mais quand même). Ce dont nous déduirons que si nos outils sexuels restent périphériques, souvent relégués au lot de consolation, c’est qu’ils ne nous satisfont pas pleinement, ou qu’ils ne couvrent qu’un champ limité de notre désir.

L’idée que tout doit être « réel »

Ce n’est pas qu’une question d’absence de projection sentimentale. Comme le montre l’anthropologue Agnès Giard dans son ouvrage consacré aux sexdolls au Japon (Un désir d’humain, éditions Les Belles Lettres), rien n’empêche d’éprouver une réelle et sincère passion amoureuse envers une poupée.

Avec le développement des intelligences artificielles, nous pourrions disposer prochainement de créatures sur-mesure, paramétrables, aux formes mœlleuses et aux performances sexuelles illimitées (avec un peu de chance, on pourra même les connecter avec des bouillottes pour nous tenir les pieds au chaud en hiver). Des services existent déjà qui proposent des petites amies virtuelles s’enquérant par textos du bien-être de leurs clients, plusieurs fois par jour. Les poupées actuellement sur le marché offrent des modes « famille » et même « frigide ».

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