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La Bulgarie menacée d'effondrement démographique

La Bulgarie vient de prendre la présidence semestrielle de l'Union européenne. Un pays miné par la chute vertigineuse de sa population.

Par Jacques Hubert-Rodier

Publié le 14 janv. 2018 à 09:23

L'enthousiasme au moment de la chute du communisme est un lointain souvenir. « Aujourd'hui la population est encore plus désespérée » que sous Todor Zhivkov, qui a régné en maître pendant 33 ans jusqu'à sa chute le 10 novembre 1989, dit une Bulgare qui a quitté son pays il y a une vingtaine d'années. Elle fait partie des près de deux millions de Bulgares qui aujourd'hui vivent à l'étranger. Cet exode a contribué à un effondrement de la démographie. Au point que la Bulgarie qui a pris, officiellement jeudi dernier, la présidence tournante semestrielle de l'Union européenne, est le pays où la population décroît le plus vite au monde. The Economist évoque même un « incroyable rétrécissement ».

Les prévisions sont alarmantes. Les plus pessimistes voient à l'horizon 2050 une chute à 4,5 millions habitants, les plus optimistes à 5,2 millions contre 7,2 millions actuellement et près de 9 millions dans les années 1980. Mais l'exode n'est pas la seule explication.

« C'est une longue histoire. Le régime communiste avait voté des lois favorables à la natalité en accordant par exemple deux années de congé de maternité. Mais cela n'a pas marché », souligne Natacha Crance diplômée de l'Université de Sofia. Les gouvernements qui se sont succédé ensuite ont adopté nombre de mesures pour arrêter ce déclin, mais également sans succès.

L'appel à des travailleurs étrangers est d'autant plus limité que la coalition au pouvoir comprend des ultranationalistes. Le vice-Premier ministre Valeri Simeonov, leader du « Front national pour le salut de la Bulgarie », est d'ailleurs en charge aujourd'hui de la politique démographique. Ses appels ne franchissent pas les pays voisins comme l'Ukraine ou la Moldavie et il s'oppose à l'arrivée de réfugiés. « C'est un pays replié sur lui-même », dit encore Natacha Crance.

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Sans oublier la peur face aux minorités turcophones (environ 700.000 personnes) et roms (300.000). « Il est clair que le vice-Premier ministre Valeri Simeonov déteste les minorités au point de qualifier publiquement les Roms de singes féroces », selon Daniel Kaddik de la Fredrich Naumann Foundation, cité par DW (Deutsche Welle).

Ce qui mine toute perspective d'avenir pour la population de ce pays, le plus pauvre de l'Union européenne, c'est un lourd système de corruption et de népotisme. Selon Transparency International, la Bulgarie est le pays le plus corrompu de l'Union européenne. Jeudi dernier à l'occasion de l'inauguration de la présidence bulgare plusieurs manifestations ont eu lieu à Sofia avec des slogans, selon l'AFP, comme « la corruption fait la force ». Une réponse à « l'Union fait la force » le mot d'ordre de la présidence bulgare.

Jacques Hubert-Rodier

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