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La diète génétique : un outil majeur de prévention ?

Nous ne sommes pas égaux devant l'alimentation car tout dépend des gènes de susceptibilité que nous possédons et qui font que nous serons particulièrement sensibles à tel ou tel aliment. Dans ce domaine, nos gènes mènent un véritable dialogue avec les aliments que nous ingérons.

En parallèle s’est donc développée une industrie : des tests nutrigénétiques offrant des recommandations alimentaires basées sur nos gènes. A partir de votre profil génétique, certaines entreprises, dont BiogeniQ à Brossard (Canada), ciblent une vingtaine de gènes spécifiques qui entrent en interaction avec certains nutriments. Si vous êtes porteurs d’une mutation susceptible de nuire à l’absorption de certaines vitamines ou à la digestion du lactose, par exemple, on vous proposera de revoir votre régime alimentaire basé sur ces découvertes.

Selon Catherine Drouin-Audet, diététiste et responsable du volet nutrition chez BiogeniQ, "Déterminer si vous êtes à risque de développer une carence en fer est certes intéressant, mais cela prend une toute autre dimension quand il devient possible de se renseigner sur les risques de développer des maladies chroniques. Reste que nous sommes encore loin de connaître les fonctions des 25 000 gènes humains, et encore moins la façon dont ils interagissent avec la nourriture".

Catherine Drouin-Audet souligne cependant que les tests actuels sont appelés à se perfectionner au fil des recherches et découvertes scientifiques. Selon elle, "Les gens souhaitent mieux s’alimenter et veulent savoir si tous leurs efforts sont dirigés au bon endroit. Ils agissent de manière préventive".

Même s'ils restent imparfaits, les tests nutrigénétiques disponibles  peuvent déjà écarter les doutes que l’on peut entretenir par rapport au risque de développer certaines maladies liées à l’alimentation. Parmi celles-ci, la maladie cœliaque, la forme la plus sévère de l’intolérance au gluten qui touche 1 % de la population.

Reste que les résultats de ces tests ne sont toutefois pas toujours ceux escomptés. "Il faut anticiper les réactions d’anxiété et éviter de créer une certaine paranoïa dans l’espace public", prévient Thierry Hurlimann, chercheur à l’Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal (IRSPUM). Pour lui, cela passe inévitablement par la rencontre avec un conseiller génétique avant et après le test.

L’effet contraire a aussi été observé : en se sentant protégés génétiquement, certains individus adopteront des habitudes alimentaires moins saines. "On peut se penser immunisé à cause d’une réponse génétique favorable. Dans ce cas, l’encadrement devient particulièrement important", constate Hubert Cormier.

Il faut également remettre ces tests en perspective, car il n’y a pas que les gènes qui influencent notre santé. L’environnement occupe encore une large part du gâteau. "Rien n’est 100 % génétique. L’impact d’une seule mutation pèse très peu dans la balance", nuance Hubert Cormier. "Parfois, une mutation peut expliquer 1 % d’un trait. Le reste dépend de notre environnement". Le risque de développer certaines maladies demeure donc largement tributaire des habitudes de vie, du stress et du milieu dans lequel on vit.

Les régimes n’ont jamais eu la réputation d’être suivis très longtemps. La nutrigénétique, avec ses nombreuses restrictions, risque d’entraîner les mêmes réactions. "Il doit y avoir du plaisir dans l’alimentation. Si on ajoute la génétique, on rationalise l’alimentation. S’il y a trop de règles, les gens vont se décourager et délaisser les recommandations", craint Hubert Cormier.

BiogeniQ ne fait d’ailleurs pas miroiter une diète exclusivement basée sur la génétique. "On voit la nutrigénomique comme un outil d’accompagnement, et non comme la réponse à tout. On ne promet pas la pilule magique", rappelle Catherine Drouin-Audet.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Le Devoir

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