Elles utilisaient une application comme contraceptif à la place de la pilule : 37 femmes tombent enceintes

Publié le 16 janvier 2018 à 17h59, mis à jour le 17 janvier 2018 à 7h41
Elles utilisaient une application comme contraceptif à la place de la pilule : 37 femmes tombent enceintes
Source : NATURAL CYCLES

OUPS - L'application Natural Cycles se présente comme une méthode alternative à la pilule contraceptive, plus fiable et moins contraignante. Plusieurs dizaines de Suédoises sont pourtant tombées enceintes en lui faisant confiance.

Aujourd'hui, il y a une application pour tout, ou presque. Natural Cycles, par exemple, fait miroiter à ses utilisatrices une contraception aussi efficace que la pilule, mais sans les désagréments. En Suède, plusieurs dizaines de femmes sont pourtant tombées enceintes en lui faisant confiance. L’Agence suédoise des médicaments a ouvert une enquête la semaine dernière, a révélé la chaîne nationale suédoise SVT. Ce sont des médecins de l’hôpital de Södersjukhuset, à Stockholm, qui ont tiré la sonnette d’alarme après que des patientes, qui utilisaient Natural Cycles comme contraceptif, ont demandé une interruption volontaire de grossesse. 

"C'est une nouvelle méthode avec laquelle nous avons observé un certain nombre de grossesses non désirées (…) Nous avons décidé de rapporter ces cas à l’Agence des produits médicaux [ndlr : l'équivalent suédois de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, l'ANSM]", met en garde Carina Montin, sage-femme interrogée par le journal local Siren et dont les propos sont rapportés par SVT. Sur les 668 demandes d'avortement reçues entre septembre 2017 et la fin de l'année, les équipes de l'établissement ont identifié "au moins 37 cas" de femmes ayant utilisé l'application mobile en tant que contraceptif.

Appli certifiée par l'UE

L'application Natural Cycles, gratuite le premier mois (puis 8,99 € par mois, ou 64,99 € par an avec le thermomètre fourni), a été créée en 2014 par la physicienne nucléaire Elina Berglund et son mari Raoul Scherwizl. Elle est depuis janvier 2017 certifiée par l'Union européenne.

Le principe ? Les utilisatrices mesurent leur température corporelle chaque matin et rapportent le résultat dans l’interface. Grâce à un algorithme complexe et à l’analyse du cycle menstruel, l'application délivre ensuite à son utilisatrice une couleur : rouge pour un haut risque de grossesse ou vert pour des rapports sexuels présumés sans risque, même si cela ne les protégera d'aucune maladie sexuellement transmissible, précise l'application.

ENQUETE - Contraception : les femmes utilisent de moins en moins la piluleSource : JT 20h Semaine

600.000 utilisatrices dans le monde

Sur son site internet, l'équipe de Natural Cycles explique que la méthode est basée sur des "recherches cliniques" et qu'elle est d'une efficacité "comparable" à celle de la pilule. Revendiquant aujourd’hui plus de 600.000 utilisatrices dans environ 160 pays, elle ne manque pas non plus de rappeler les risques liés à cette méthode de contraception. "Sur une année, cinq femmes sur mille tombent enceintes à cause d’un jour vert mal attribué", peut-on lire. A en croire un porte-parole de Natural Cycles, la méthode utilisée afficherait un "taux de réussite effectif de 93 %" si elle est utilisée correctement. 

La société cite à l’appui une étude publiée en 2016 dans la revue scientifique The European Journal of Contraception & Reproductive Health Care qui, en y regardant de plus près, semble avoir été financée au moins en partie par le concepteur de l’application. La sage-femme Carina Montin préconise pour sa part de délaisser sans plus attendre Natural Cycles au profit d'une "autre contraception plus sûre".


Matthieu DELACHARLERY

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