Le couple ayant séquestré et affamé ses enfants pendant plusieurs années continue d’horrifier l’Amérique. Jeudi 18 janvier, David et Louise Turpin ont été mis en examen pour torture et maltraitance envers douze de leurs treize enfants. Présentés quelques heures plus tard devant un juge, ils ont plaidé non coupables. Leur prochaine comparution est prévue le 23 février.
« Ce qui a commencé comme de la négligence s’est achevé par ces maltraitances brutales », a déclaré Mike Hestrin, procureur du comté de Riverside, faisant la liste des chefs d’accusation visant l’homme de 57 ans et son épouse, âgée de 49 ans. Le couple a été arrêté dimanche à Perris, à 110 km au sud-est de Los Angeles.
Les enfants, âgés de 2 à 29 ans, ont été retrouvés pour certains enchaînés à un lit, dans des conditions d’extrême saleté et de malnutrition sévère. C’est l’une des filles, âgée de 17 ans, qui a donné l’alerte après avoir échappé à la surveillance des parents geôliers. La fratrie préparait « depuis plus de deux ans » un plan d’évasion, a expliqué le procureur.
La perpétuité encourue
Dans le détail, le couple est visé par douze chefs d’accusation de torture – l’enfant de 2 ans n’aurait pas été torturé et était bien nourri –, sept de maltraitance d’un adulte à charge, six de maltraitance ou négligence d’enfant et douze de séquestration.
David Turpin est également poursuivi pour acte obscène sur un enfant avec usage de la force, la menace ou la contrainte. Le procureur a précisé qu’il s’agissait de la façon dont le père avait ligoté l’une de ses filles, âgée de 14 ans.
Ces chefs d’accusation portent sur des faits présumés survenus depuis 2010. S’ils sont reconnus coupables de tous, ils encourent entre quatre-vingt-quatorze ans de réclusion et la perpétuité. Une caution de 9 millions de dollars pour chacun a été fixée pour une éventuelle remise en liberté.
Une douche par an
A leur arrivée, les agents du bureau du shérif de Perris ont découvert trois enfants enchaînés, avec des cadenas, dans cette maison, typique d’une banlieue américaine en apparence extérieure, mais sordide et aux relents irrespirables à l’intérieur. Les enfants « souvent n’étaient pas libérés de leurs chaînes pour pouvoir aller aux toilettes », a précisé le procureur.
Selon lui, ces maltraitances ont « commencé comme une punition » mais « ont empiré avec le temps » lorsque la famille habitait près de Fort Worth, au Texas, et après son arrivée en Californie en 2014. Outre les chaînes cadenassées, les sanctions comportaient aussi coups et strangulations.
Les enfants étaient « très peu nourris et en fonction d’un planning », n’avaient pas droit à plus d’une douche par an, n’ont jamais vu de dentiste ni de médecin depuis « au moins quatre ans ». Plusieurs souffrent de « déficiences cognitives » et de lésions nerveuses dues à la malnutrition.
Un enfant de 12 ans pèse le poids moyen d’un enfant de 7, et l’aînée de 29 ans ne fait que 37 kg, a précisé le procureur. La police avait fait savoir que, d’après les premiers éléments disponibles, il ne semblait pas y avoir eu d’abus sexuel dans la maison.
Journaux intimes
Selon le procureur, à ce stade, les autorités pensent que David et Louise Turpin sont bien les parents biologiques des 13 enfants. D’après la police, la famille avait déclaré pratiquer l’enseignement à domicile, courant aux Etats-Unis. Ils avaient enregistré leur maison comme établissement scolaire.
Mais « plusieurs » enfants présentent des « lacunes dans les connaissances de base » et ignorent par exemple ce qu’est un policier ou ce que sont des médicaments, a relevé M. Hestrin. Ils pouvaient néanmoins tenir un journal et les enquêteurs en ont récupéré « des centaines ».
Une sœur de Louise Turpin, Elizabeth Flores, avait témoigné sur la chaîne ABC que le couple était très réservé : « Ça a commencé avant même qu’ils aient des enfants. » « Nous les avons suppliés de faire du Skype avec eux. Nous les avons suppliés de pouvoir les voir, a poursuivi celle qui, quand elle était étudiante, a vécu quelque temps avec les Turpin. J’ai pensé qu’ils étaient vraiment très stricts mais je n’ai pas vu de maltraitance. »
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