L’Elysée refuse le rapatriement d’une djihadiste capturée en Syrie

L’avocate de cette femme de 22 ans partie en Syrie en 2014 avait sollicité son rapatriement dans un courrier adressé à l’Elysée au début du mois.

 Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, a détaillé les raisons de ce refus dans un courrier adressé à Me Marie Dosé le 10 janvier dernier. (ARCHIVE)
Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, a détaillé les raisons de ce refus dans un courrier adressé à Me Marie Dosé le 10 janvier dernier. (ARCHIVE) AFP/JEAN-SEBASTIEN EVRARD

    Que faire des djihadistes français récemment capturés par les forces kurdes en zone syrano-irakienne? Pour Paris, le sujet est un devenu un véritable casse-tête. Une quarantaine de djihadistes français, autant d'hommes que de femmes, accompagnés d'une vingtaine d'enfants, auraient été arrêtés. Au début du mois, Emilie König, une propagandiste de Daech détenue dans un camp kurde en Syrie, a dit se tenir « à la disposition de la justice française ». Une autre femme, âgée de 22 ans et mère de deux enfants de 10 mois et 2 ans, a demandé pour sa part à être rapatriée en France pour « répondre de ses actes ». Cette demande a été faite par le biais de son avocate, Me Marie Dosé, dans une lettre adressée au président de la République au début du mois.

    L'Elysée a bien répondu huit jours plus tard sous la forme d'une lettre écrite par le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron. Selon nos informations confirmant celles de l'AFP et de RTL , Patrick Strzoda rejette dans ce courrier cette demande de rapatriement pour cette jeune femme partie en Syrie en 2014 avec son frère et mariée à deux reprises avec des combattants du groupe Etat islamique.

    « S'agissant de majeurs détenus en Syrie, la doctrine française est de laisser les autorités locales se prononcer sur la responsabilité que ces Français majeurs pourraient avoir sur la commission de crimes ou de délits dans ce territoire du fait de l'appartenance à une organisation terroriste », écrit Patrick Strzoda dans cette lettre, alors même que les Kurdes ne disposent pas de leur propre Etat.

    Une plainte déposée par plusieurs avocats

    « Il appartient d'abord aux autorités locales de se prononcer dans le respect des principes fondamentaux du droit sur la responsabilité personnelle de votre cliente », explique encore le directeur du cabinet du président. « Si ces autorités renonçaient à exercer des poursuites […], notre pays prendrait des initiatives adaptées à sa situation » au vu du mandat de recherche émis par la France à son encontre en 2016, ajoute-t-il, sans précision sur les mesures envisagées dans ce cas.

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    Mercredi encore, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, conditionnait le jugement de Français sur place au respect des « règles du procès équitable ». Si elles ne le sont pas, « nous avons des conventions internationales sur lesquelles nous sommes très sourcilleux et donc nous les prendrons en charge en France », a assuré la garde des Sceaux sur France Inter.

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    Dénonçant le souhait de la France de faire juger ses ressortissants sur place, plusieurs avocats, dont Me Marie Dosé, ont pour leur part déposé plainte pour « détention arbitraire » contre les autorités françaises. « Le Kurdistan syrien n'ayant aucune existence légale et ne disposant par là même d'aucune institution souveraine, ces femmes et ces enfants sont tous détenus sans droit ni titre », ont souligné ces avocats dans un communiqué diffusé jeudi.