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L'idée d'un village lunaire divise la filière spatiale

Le patron de l'Agence spatiale européenne s'est fait l'ambassadeur du « village lunaire ». Un concept qui ne séduit guère son confrère du CNES.

Par Anne Bauer

Publié le 20 janv. 2018 à 11:19

Alors que la découverte de Mars mobilise la recherche spatiale, le patron de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) Jan Wörner a enfourché un cheval de bataille insolite : le retour sur la lune. « Nous avons recueilli 150 signatures pour le village lunaire, un chiffre qui va s'envoler cette année, j'en suis sûr », a-t-il déclaré le 17 janvier lors des voeux à la presse. Lancée en septembre, une « déclaration d'intérêt pour le village lunaire » plaide pour réunir les initiatives publiques et privées afin de créer sur la lune « un village », qui serait en quelque sorte une base intermédiaire entre la Terre et Mars.

Une terre d'innovations

Dans le magazine « Espace et Exploration », l'astronaute Claudie Haigneré, conseillère auprès de Jan Wörner, explique que la lune mérite de devenir « un lieu expérimental, d'innovation, pour avoir des idées complètement nouvelles, disruptives, par exemple pour le béton, la communication ou la mobilité de demain ». Jan Wörner défend son concept de « village lunaire » pour stimuler, rassembler et abriter toutes sortes d'initiatives : du tourisme spatial à l'exploitation des ressources minières de la lune, en passant par toutes les expériences possibles sur la manière de vivre en orbite extraterrestre.

« L'espace, ce n'est pas que Mars », proteste-t-il, en soulignant qu'avant d'envoyer des hommes sur Mars, un voyage qui pourrait durer jusqu'à deux ans, le satellite naturel de la Terre, situé à 3 jours de navigation, a encore des choses à apprendre à l'humanité. Même s'il le nie, Jan Wörner prépare ainsi à sa façon un projet diplomatique « mondial » pour remplacer la Station spatiale internationale, dont la fin de vie est programmée vers la fin de la décennie.

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Remplacer la Station spatiale internationale

Bientôt cinquante ans après la fin du programme Apollo de la Nasa, pour envoyer des hommes sur la lune, il s'agit d'un nouveau projet de dimension internationale pour réunir tous les pays, Chine comprise, sur une exploration « au bénéfice et dans l'intérêt de tous les pays », comme le plaide la déclaration d'intérêt pour le village lunaire.

Ce projet utopique laisse le président du CNES, Jean-Yves Le Gall, perplexe. Pour lui l'aventure spatiale doit voir bien plus loin. Cette année, l'agence spatiale française alignera trois missions ambitieuses : le lancement de la mission franco-américaine InSight vers Mars « pour aller écouter battre le coeur de Mars », puis la mission nippo-européenne BepiColombo vers Mercure pour mieux comprendre l'astre solaire et enfin le lancement du premier satellite franco chinois, CFOSat chargé de mesurer les liens entre les vents et les vagues.

Cinq missions internationales pour Mars

« D'accord, c'est plus facile de voyager sur la Lune que sur Mars, mais je connais nombre de scientifiques qui travaillent sur Mars et aucun chercheur qui s'intéresse encore à la Lune, affirme-t-il avec impatience. On y est déjà allé, on a ramené des centaines de kilos de roches lunaires et on n'a rien trouvé d'intéressant ». Pas moins de cinq missions sont en préparation pour Mars, là où il faut comprendre pourquoi la vie a disparu, rappelle-t-il. Au-delà des Etats-Unis, de la France, et de l'Europe, la Chine, l'Inde et même les Emirats arabes unis veulent explorer la planète rouge.

Il n'est nul besoin d'opposer les projets, plaide-t-on à l'Agence spatiale européenne, en rappelant que la Nasa pousse aussi un projet lunaire, le « Deep Space Gateway », sorte de station spatiale internationale en orbite cis-lunaire. Officiellement, l'agence américaine souhaite toujours embarquer des astronautes dans la capsule Orion, en direction de la lune à partir de 2021, une échéance assez peu réaliste. Au sein de la communauté spatiale, le débat est loin d'être clos. Il reprendra avec vigueur en octobre à Brême lors du 69ème congrès international d'astronomie.

Anne Bauer

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