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Les hommes féministes sont-ils de meilleurs partenaires sexuels ?

Le mouvement #metoo, loin d’imposer la chasteté générale, favorise la liberté sexuelle, estime Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale ».

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Publié le 21 janvier 2018 à 06h43, modifié le 21 janvier 2018 à 16h43

Temps de Lecture 5 min.

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LE SEXE SELON MAÏA

L’inquiétude court parmi les adversaires du #metoo : les féministes vont détruire la séduction, la bonne entente sociale, le sexe, et le climat aussi, tant qu’à faire. Le postulat est intéressant : il implique que ces activistes, dont les avancées ont considérablement facilité la liberté sexuelle, aient subitement changé leur sécateur d’épaule afin de pourrir leur existence personnelle et limiter leurs propres libertés. Faute de tomber la culotte, voilà qui constituerait un intéressant retournement de veste. Et de paradigme.

Reprenons donc les choses calmement. Le féminisme peut-il sauver le sexe ? Personne ne contestera que le sexisme malveillant ne s’intéresse pas au bien-être des femmes. Ses supporteurs se contenteront d’une sexualité phallocentrée égoïste, sans chichis (« La beauté est un truc de nana ») et probablement sans plaisir (« Les gonzesses n’en valent pas la peine »). Cette misogynie brutale déteste les femmes sexuellement compétentes, culpabilise les séductrices et menace la sécurité de toutes : bienvenue au bagne. S’il fallait trouver un avantage au machisme, ces hommes tendent à avoir plus de partenaires sexuelles. Mais moins d’intimité, et des relations antagonistes.

Sauf que, en 2018, les sexistes malveillants se planquent, dans des grottes, et apparemment sur Twitter. Le misogyne lambda, disponible au café du commerce, défend plutôt le bon sens de papi : la complémentarité naturelle des genres, fixée dans l’ADN – le fameux chromosome du tutu rose. Comme plus personne n’oserait annoncer en public « Les femmes sont des êtres inférieurs », nous nous coltinons la version light : « Les femmes sont plus faibles que les hommes, mais tellement courageuses/matures/belles/intuitives, notamment quand elles portent un tutu rose. »

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Ce sexisme bienveillant place les femmes sur un piédestal, leur accorde des traitements de faveur, revendique son paternalisme et ses comportements chevaleresques. Or quelle femme ne voudrait pas profiter d’un amant totalement dévoué à son plaisir ? Le souci, c’est qu’en jouant les descentes de lit imprimées léopard, le vassal impose une division des tâches sexuelles qui va considérablement amputer le Kama-sutra : homme actif, femme passive, homme chargé du plaisir, femme chargée du désir, adieu veaux, vaches, cochons, adieu aussi jeux de rôles, transgressions, BDSM, pénétrations prostatiques, sex-toys, etc. L’heureuse élue sera priée non seulement d’être parfaite en toutes circonstances (le fameux missionnaire sans transpiration), ce qui interdit la perte de contrôle, mais elle devra aussi ne jamais exprimer ses préférences (« Les mots du sexe sont sales dans la bouche d’une femme en tutu rose ») parce que le paladin est un homme, donc il sait. Pire encore : le sexisme bienveillant empêche les femmes de donner du plaisir aux hommes. Elles sont réduites à un réceptacle. Adoré, certes. Mais ennuyé.

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