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Inondations : « Il n’y a aucune solution technique pour stopper une crue majeure à Paris »

Les quatre lacs réservoirs aménagés pour protéger la capitale ont atteint 94 % de leur capacité totale de stockage.

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Publié le 02 juin 2016 à 20h17, modifié le 03 juin 2016 à 09h32

Temps de Lecture 3 min.

Les pluies et inondations de ces derniers jours rappellent que le spectre d’une crue centennale plane sur Paris et l’Ile-de-France. Dans la capitale, où le niveau de vigilance jaune a été activé, la montée des eaux a été rapide. Sur les seuls quatre derniers jours, de lundi 30 mai à jeudi 2 juin 16 heures, le niveau de la Seine est passé de 1,94 à 5,17 mètres. Le zouave du pont de l’Alma a les genoux dans l’eau. Mais on est encore loin de la crue de 1910, qui avait atteint 8,60 mètres.

Les quatre grands lacs de la Seine, créés à la suite cette crue centennale pour prévenir des inondations, ont néanmoins été fortement sollicités par un niveau de pluies inhabituel en cette saison. La difficulté est que ces précipitations intenses surviennent à une période où ces lacs de retenue sont pleins, en prévision de la nécessité d’alimenter la Seine l’été pour soutenir son débit. « Le 27 mai, lorsque l’épisode de pluies intenses a commencé, ils étaient à 90 % de leur capacité de stockage. Or, les débits entrants des lacs réservoirs représentent un cumul total de près de 60 mètres cubes-seconde contre 12 en temps normal », explique Claudine Jost, directrice de l’hydrologie à l’établissement public Seine Grands Lacs, ajoutant qu’il reste tout de même 66 millions de mètres cubes de stockage sur une capacité totale de 850 millions. Ils ont désormais atteint 94 % de leur capacité.

Phénomène atypique

« Nous sommes aujourd’hui face à un phénomène atypique par rapport à la crue de 1910 ou même à celle de 1955, relève cependant l’hydraulicienne. Car il a surtout plu sur le Loing et la partie moyenne de l’Yonne. Si ces affluents les plus à l’ouest sur l’amont de la Seine ont atteint des niveaux exceptionnels, la montée des eaux de l’Aube et de la Marne est beaucoup moins rapide. »

Les quais de Seine innondés dans le centre de Paris le 3 juin.

Le seul des quatre ouvrages qui connaisse une situation critique est d’ailleurs le lac réservoir de Pannecière, dans la haute vallée de l’Yonne, dans la Nièvre. « S’il a jusque-là joué son rôle d’atténuation de la crue, ce réservoir vient d’atteindre ce jeudi sa capacité maximale de remplissage, relève Claudine Jost. Mais les trois autres lacs, qui ont une capacité de retenue plus importante, devraient permettre de gérer la crue de la Seine, si l’épisode de pluies intenses ne perdure pas. » Météo France prévoit, après un pic demain vendredi, une accalmie.

« Il faut la conjonction de crues de la Seine et de la Marne pour que se produise une crue majeure [plus de 7 m] à Paris. Pour cela, il faut des précipitations importantes sur l’ensemble du bassin-versant de la Seine », confirme Magali Reghezza-Zitt, géographe, qui rappelle que les quatre grands lacs de Seine permettent surtout d’empêcher les crues moyennes. « En cas de crue, ces réservoirs permettent de “gagner” jusqu’à 70 cm de hauteur d’eau environ. Cela n’est pas suffisant pour empêcher une crue centennale de la Seine. Mais ce sont de précieux centimètres pour réduire les dommages. Cela peut être suffisant pour mettre hors d’eau certains réseaux critiques de l’agglomération parisienne, d’eau, d’électricité, de transport. »

Polémique sur la création d’un cinquième lac réservoir

Il existe un projet de création de nouvelles zones endiguées, destinées à évacuer le surplus en cas de crise, à La Bassée (Seine-et-Marne). Mais celui-ci piétine depuis vingt ans. Un débat public a eu lieu en 2012, et il a été décidé de créer une première zone pilote pour en évaluer les incidences environnementales locales. Et encore, cette première zone pilote ne pourra être réalisée avant 2023.

Dans son ensemble, ce nouvel ouvrage permettrait de stocker l’équivalent de 50 millions de mètres cubes d’eau. « Ce qui ferait encore gagner quelques précieux centimètres, mais ne permettra pas de stopper une crue centennale », observe Magali Reghezza-Zitt. Et la géographe d’ajouter : « Il n’y a aucune solution technique qui soit capable d’empêcher une crue de cette ampleur. Seule la préparation de tous les acteurs, y compris la population, permettra de faire face et de limiter les dégâts. »

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