Les dix territoires zéro chômeur ouvrent leurs portes au public
Jeudi 25 janvier, les dix "Territoires zéro chômeur de longue durée" fêtent leur premier anniversaire en ouvrant leurs portes au public. Près de 450 emplois en CDI ont été créés depuis le début d'une expérimentation qui vise à subventionner une remise en emploi des chômeurs plutôt que de les indemniser.
A Thiers (Puy-de-Dôme), les 29 premiers salariés de l’entreprise à but d’emploi (EBE) ont voulu marquer le coup. Ils ont choisi, symboliquement, un Premier mai pour commencer leur contrat de travail à durée indéterminée. Histoire de fêter le travail, enfin retrouvé après une longue période de chômage. Aujourd’hui, l’entreprise fait travailler 46 salariés, tous en CDI, tous payés au SMIC, presque tous à temps plein.
Thiers est un des dix territoires qu’une loi de 2016 autorise à expérimenter une idée folle, lancée par ATD Quart Monde : utiliser les différentes allocations perçues par les demandeurs d’emploi de longue durée pour leur verser un salaire, en échange d’un travail utile à leur territoire, qui répond à des besoins non satisfaits car non rentables pour une entreprise classique. Avec trois idées : tout le monde est employable, du travail utile il y en a, de l’argent aussi – le chômage de longue durée coûte cher à la collectivité. Ce jeudi 25 janvier, ces dix territoires présentent leurs actions, travaux, salariés (cf programme).
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Hypothèses de départ confirmées
A Thiers, a ouvert un garage solidaire où travaillent deux mécaniciens, qui remettent en état les moteurs de personnes envoyées par Pôle emploi ou une assistante sociale. Deux salariés de l’EBE font de la médiation dans les transports pour le compte de la compagnie locale. L’EBE lui facture cette prestation de ses salariés, bien en-dessous du prix du marché. En principe, les prestations doivent financer un quart des salaires, le reste provenant de la réallocation des ressources.
Depuis juillet 2016, ces dix territoires, ruraux (Pipriac en Ille-et Vilaine, Colombelles dans le Calvados…) ou urbains (le 13e arrondissement de Paris, deux quartiers de Lille, Villeurbanne dans le Rhône), peuplés de 5000 à 10000 habitants, expérimentent pour cinq ans ce nouvel équilibre économique. "Au bout d’un an, les hypothèses de départ sont largement confirmées, estime Patrick Valentin, directeur du Fonds d’expérimentation, qui porte le projet depuis le début. Les gens manifestent un enthousiasme formidable à l’idée de travailler, en occupant des emplois à temps choisi, donc respectueux de leurs désirs et de leurs rythmes de travail." Deuxième constat : "on est impressionné par la quantité de travail utile à faire ! On a embauché 450 personnes, ça aurait pu être le double".
Il a dû empoigner son bâton de pèlerin pour aller chercher les financements promis auprès de l’Etat, des collectivités territoriales, de Pôle emploi, des Caisses d’allocations familiales, tous alloués à un fonds qui finance les salaires. "On n’a pas eu à se plaindre pour le paiement des salaires, en revanche, nous n’avons pas eu les conditions financières que je demandais au départ en matière de capitaux, regrette Patrick Valentin, qui réclamait 5 millions d'euros pour commencer. Comme toute entreprise qui se crée, encore plus quand elle doit créer son marché, et que ce marché est polyvalent, nous avons besoin de capitaux. Or là ils sont trop courts, nous sommes obligés de ralentir." Victime de son succès, en quelque sorte ! Certaines des 10 entreprises à but d’emploi peinent aussi à financer 25% de leurs activités. "Il va nous falloir trois ans", estime Patrick Valentin.
Les projets affluent
Les entreprises représentent quasiment un tiers des clients des EBE. "Souvent, elles voient très bien quel travail pourrait être accompli, mais ce n’est pas rentable pour elles d’embaucher pour ça", explique le directeur du Fonds. Un chef d’entreprise raconte qu’il est obligé de demander à un cadre de consacrer quatre heures de sa semaine de travail à plier des cartons. Confier cette tâche à l’EBE locale, à moindre coût, l’intéresse.
A Thiers, une autre belle histoire est en train de naître. Une entreprise locale de couches lavables était à vendre. L’entreprise à but d’emploi a emprunté pour la racheter. Les anciens patrons vont former pendant deux mois les six couturières recrutées pour reprendre la production. Qui pourra être vendue à prix compétitifs, donc sera plus rentable qu’auparavant. Une activité autorisée par cette expérimentation, car même si elle relève du secteur concurrentiel, elle n’était pas couverte localement.
L’expérimentation voit affluer les projets : une centaine s’est manifestée, de partout en France. Mais théoriquement, il faut attendre la fin d’une expérimentation avant de la généraliser. Sauf si le gouvernement décidait un élargissement du dispositif et autorisait quelques dizaines de nouvelles expérimentations.
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