Le Parti socialiste compte moins de 20 000 militants actifs

Le parti, qui doit élire son premier secrétaire en avril, peine à mobiliser après des défaites cinglantes aux précédentes élections.

 Le Parti socialiste sort de défaites à la présidentielle et aux législatives.
Le Parti socialiste sort de défaites à la présidentielle et aux législatives. LE PARISIEN/PHILIPPE DE POULPIQUET

    « C'est très compliqué ». La réponse est toujours la même lorsqu'on interroge les responsables du PS sur le nombre réel des adhérents socialistes aujourd'hui. Dirigeants nationaux, fédéraux ou même candidats à la direction du parti, la plupart entonnent d'une même voix ce refrain : « Ah, c'est compliqué, très compliqué parce que dans notre parti on ne radie pas quelqu'un jusqu'à deux ans et demi après sa dernière cotisation. » Autrement dit, tous les militants qui ont payé au moins une fois leur cotisation annuelle depuis le 30 juin 2015 sont donc comptabilisés par la rue de Solférino comme faisant toujours partie de la famille.

    Vendredi soir, à la veille du c onseil national qui enregistrera les motions et donc les candidats pour le poste de premier secrétaire (ils seront sans doute quatre : Luc Carvounas, Stéphane Le Foll, Olivier Faure et Emmanuel Maurel) le chiffre de 102 000 devrait être officiellement arrêté par le bureau national des adhésions.

    « Tous ces gens peuvent venir voter pour le prochain congrès en avril, à condition de payer leur cotisation pour 2018, soit une cinquantaine d'euros », résume un hiérarque de Solférino. Une manière de sauver les apparences avec un chiffre dépassant symboliquement les 100 000, mais qui ne trompe personne en interne.

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    Au lendemain du dernier vote (le 18 janvier) sur le changement des statuts en vue du prochain congrès d'Aubervilliers début avril, la direction du PS a indiqué dans un communiqué que 20 896 votants s'étaient déplacés en section, « soit 23,34 % des 89 527 inscrits ». Une des figures du PS gronde en faisant part, en off, de sa « très grande suspicion ». Et pour cause : les chiffres par fédérations que nous nous sommes procurés témoignent plutôt d'effectifs squelettiques : 1300 votants dans le Nord, en tête au niveau national, 900 en Gironde, 717 à Paris, 717 à Paris, 646 dans les Bouches-du-Rhône…

    LP/Infographie
    LP/Infographie LE PARISIEN/PHILIPPE DE POULPIQUET

    Curiosité : seule fédération autorisée à voter électroniquement, celle des Français de l'étranger s'est hissée au troisième rang avec 800 participants… Autre bizarrerie relevée par Luc Carvounas : « Selon Solférino il y aurait potentiellement 5300 votants dans le Nord alors que l'autre jour la première fédérale de ce département m'annonçait avoir 2600 adhérents. Qui dit vrai ? ».

    « Je pense qu'on aura autour de 35 000 votants au congrès »

    Certes, le vote du 18 janvier ne concernait que des changements statutaires, pas de quoi susciter une ruée vers les bureaux de vote. Mais le résultat est tout de même éloquent. En Haute-Garonne, ancien bastion du PS où Lionel Jospin était encarté, le Premier fédéral, Sébastien Vincini, reconnaît avec courage « qu'à peine 10 % des militants » se sont exprimés le 18 janvier. Et que la participation pour le prochain congrès sera probablement « historiquement la plus basse pour un congrès du PS ».

    « Je pense qu'on aura autour de 35 000 votants au congrès », estime Philippe-Xavier Bonnefoy, l'un des piliers du bureau national des adhésions. Tout en reconnaissant que le parti « a perdu beaucoup de militants et pas mal de cadres. ». « Il y aura entre 40 et 45 000 votants pour le congrès », risque, plus optimiste, Marc Sadoun, vice-président de la commission des conflits. « Autour de 25 000 », parie, lui, Julien Dray.

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    Pour Luc Carvounas, le député du Val-de-Marne, qui vient de visiter une vingtaine de fédérations et a donc pu jauger sur pièce son parti, le PS pèserait actuellement tout mouillé « guère plus de 15 à 18 000 militants ». Très remonté, un responsable fédéral est encore plus cru : « Il faut arrêter ce jeu entre les fédérations de celui qui a la plus grosse et être honnête intellectuellement. Il ne faut plus communiquer sur les chiffres de 2016 qui englobent ceux qui sont partis vers Mélenchon, puis vers Macron et Hamon, sans compter ceux qui ont raccroché les gants. »

    En 2008, 140 000 adhérents avaient voté au congrès de Reims qui avait porté Martine Aubry à la tête du PS. « Tu te rends compte que cette fois celui qui sera élu patron du PS le sera avec moins de voix que ce qu'on a obtenu dans nos circonscriptions aux dernières législatives », a sifflé l'autre jour un candidat à l'oreille d'un de ses concurrents. Comme il est loin le temps où Jean-Christophe Cambadélis pouvait promettre en 2014 de porter les effectifs du parti à 500 000… « Il faut que le prochain premier secrétaire ait bien en tête d'où nous partons, avertit Carvounas. Nous avons les deux genoux à terre. Et alors ? Est-ce qu'il faut tout laisser tomber ou se battre pour remonter la pente ? » Comme disait naguère Jean-Pierre Raffarin : la route est droite mais la pente est forte.