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La prison est-elle un "incubateur" de la radicalisation islamiste ?

DÉCRYPTAGE - "Incubateur", c'est le mot choisi par François Molins pour parler du problème de la radicalisation en prison. On compte 504 détenus islamistes derrière les barreaux, ainsi que 1.200 détenus de droit commun repérés comme radicalisés.

Une vue du quartier spécial "destiné a des détenus concernés par le terrorisme islamiste, hors individus les plus radicaux" à la prison de Lille-Annoeullin
Une vue du quartier spécial "destiné a des détenus concernés par le terrorisme islamiste, hors individus les plus radicaux" à la prison de Lille-Annoeullin
Crédit : Sarah ALCALAY/SIPA
Cécile De Sèze
Cécile De Sèze
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Plus de 500 détenus sont incarcérés pour des faits liés au terrorisme islamiste dans les prisons françaises. Un chiffre élevé et un enjeu majeur pour l'avenir, et notamment lors de leur future sortie. Pour le procureur de la République de Paris François Molins, invité de RTL le mardi 23 janvier"très peu sont des repentis" parmi ces aspirants au jihad. Et un risque de passage à l'acte, une fois libérés, n'est pas à exclure. Pour la ministre de la Justice Nicole Belloubet aussi cette question est "urgente"

Le problème est aussi un problème à l'intérieur du cadre pénitencier. La grogne qui sévit depuis plus d'une semaine dans les maisons d'arrêt et prisons est partie de l'agression de surveillants par un détenu radicalisé. Les gardiens réclament un renforcement de leur sécurité.

Tous les détenus poursuivis pour des faits de terrorisme doivent obligatoirement passer par un quartier spécial. Ils sont évalués pendant quatre mois. Les plus virulents sont ensuite placés à l'isolement tandis que le reste retourne en détention classique. 

L'isolement ne suffit pas

L'isolement ne peut remplacer la tentative de mise en place d'une déradicalisation, et n'empêche pas la contamination, selon Naima Rudloff, avocate générale près la cour d'appel de Paris et chef du service de l'action publique antiterroriste et atteinte à la sûreté de l'État, interrogée par Le Figaro.

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En plus de ces 504 détenus pour des faits de terrorisme, 1.200 détenus incarcérés pour des faits de droit commun sont repérés comme radicalisés. Ils se sont donc plongés dans une lecture rigoriste de la religion après leur arrivée en détention. De quoi valider l'expression employée par François Molins sur RTL. 

Selon lui, les centres de détention sont des "incubateurs" de radicalisation. Même son de cloche pour Naima Rudloff dans Le Figaro, selon qui le temps de détention "est souvent le temps et le moyen de parfaire leur savoir et leurs connaissances théoriques sur le plan idéologique, religieux et géopolitique".

L'exemple de Mohamed Merah

L'exemple de Mohamed Merah est parlant et loin d'être isolé. Le futur tueur au scooter qui assassinera sept personnes, dont trois enfants, au nom de l'islam radical en mars 2012, est incarcéré en 2008 pour un vol de sac à main

C'est lors de sa détention qu'il va développer un "sentiment d'injustice", raconte un commandant de police lors du procès de son frère, Abdelkader Merah, puis commencer à s'adonner à une pratique assidue et stricte de la religion. Pour finir par demander à un co-détenu combien de personnes pouvait-on tuer avec un camion.

Selon une étude britannique parue en octobre 2016, 57% des jihadistes européens à s'être rendus en zones de combats dans les rangs de groupes terroristes sont passés par la case prison avant leur radicalisation. 27% se sont radicalisés en détention.

Quelles mesures mises en place ?

Le gouvernement est au courant de ce fléau et tente de mettre en place des mesures pour y remédier. Comme indiqué sur le site stop-djihadisme.gouv.fr, des "unités de prévention de la radicalisation" (UPRA) sont chargées d'accueillir les individus radicalisés et de prévenir la radicalisation. 

Redonner du poids à l'aumônerie musulmane dans les prisons en recrutant davantage d'aumôniers est aussi une mesure avancée par le gouvernement pour "garantir les demandes d’assistance spirituelle". Des équipes supplémentaires pour assurer la sécurité et des renseignements intérieurs aux prisons ont aussi été mis en place.

La ministre de la Justice propose aussi la création de "quartiers étanches" pour ces personnes "violentes" et "radicalisées" et une évaluation "de leur niveau de dangerosité", comme expliqué mardi 23 janvier sur le plateau de Télé Matin. Naima Rudloff préconise, elle, davantage "de personnels, en alerte constante, spécialement formés pour ces détenus."

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