Arrêté anti-alcool à Paris: le préfet de police augmente la dose

L’arrêté anti-alcool qui était en vigueur dans quelques rues du XVIIIe vient d’être étendu à la quasi-totalité de l’arrondissement. Pour raisons de sécurité.

 Épicerie de nuit dans la rue Doudeauville (18e)
Épicerie de nuit dans la rue Doudeauville (18e) LP/B.H.

    Régime sec ! A partir d'aujourd'hui plus question de boire de l'alcool dès le milieu d'après-midi dans les rues d'une bonne partie du XVIIIe arrondissement (voir l'infographie). Le préfet de police, Michel Delpuech, vient de signer un arrêté qui interdit la consommation d'alcool sur la voie publique de 16 heures à 7 heures du matin, mais aussi la vente à emporter de boissons alcooliques de 20 heures à 8 heures.

    LP/B.H.

    Cette interdiction remplace et renforce trois précédents arrêtés qui ne portaient que sur des «microquartiers » du XVIIIe. Elle se veut une réponse aux multiples incidents, bagarres et nuisances nocturnes « dus à des rassemblements d'individus alcoolisés » qui sont fréquemment constatés dans le périmètre ciblé : la Chapelle, la Goutte d'Or, l'est de la butte Montmartre et les quartiers du bord du périphérique...

    «Des instructions ont été données afin que les forces de l'ordre portent une attention particulière aux respects de ces dispositions », insistent les services du préfet de police. La verbalisation des consommateurs «nocturnes » risque cependant d'être compliquée. Une (très) brève discussion avec trois jeunes qui s'envoient des canettes de bière géantes sur un banc à Château-Rouge suffit à s'en convaincre.

    L'interdiction de vente pour les commerçants -passible de sanctions administratives pouvant aller jusqu'à une fermeture en cas d'infractions répétées- sera en revanche beaucoup plus facilement applicable. «Ça va faciliter le travail de la police. On a la capacité juridique de sanctionner. Et cela va nous permettre de mieux responsabiliser un petit nombre de commerces autour desquels on observe des rassemblements », note Eric Lejoindre, maire (PS) du XVIIIe, en se félicitant de cet «excellent arrêté ».

    Du côté des épiciers de nuit concernés, pas informés de l'arrêté, on accueille la nouvelle interdiction avec une relative indifférence. Haussement d'épaule du vendeur de cette épicerie de la rue Doudeauville, ouverte toute la nuit et dont la moitié de la vitrine est occupée par des alcools forts. «Le soir on fait plus de dépannage alimentaire que de vente d'alcool », plaide un de ses collègues de la rue Ordener. Selon les estimations des professionnels, la vente d'alcool dans les épiceries de nuit peut représenter jusqu'à 30% du chiffre d'affaires. L'UCP (union des commerces de proximité) n'a cependant pas souhaité commenter cette nouvelle interdiction de vente.

    «Elle pourra peut-être ramener un peu de tranquillité dans l'espace public », espère Isabelle Carteron, la présidente de l'association de riverains Action Barbès, satisfaite de la mise en place de nouvelles mesures de sécurité dans le secteur Barbès-Chapelle-Lariboisière. «On part de tellement loin qu'il faut tout tenter ! »

    Des interdictions dans 20 autres quartiers