Critiqué par Trump, le numéro 2 du FBI quitte ses fonctions
Le vice-directeur du FBI, Andrew McCabe
Photo : Reuters / Aaron Bernstein
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il était depuis des mois dans le collimateur du président américain Donald Trump et se savait sur un siège éjectable : le directeur adjoint du FBI, Andrew McCabe, a été poussé au départ lundi.
Le haut fonctionnaire de police, âgé de 49 ans, faisait l'objet depuis 2016 de critiques récurrentes de M. Trump et de responsables républicains, qui l'accusaient d'être proche des démocrates.
Mais la Maison-Blanche a décliné toute responsabilité dans son départ de la direction de la police fédérale.
Il [M. Trump] n'a joué aucun rôle dans cette décision.
M. McCabe quitte son poste avec effet immédiat, mais restera inscrit dans le registre des employés de la police fédérale jusqu'en mars pour des raisons administratives, a indiqué à l'AFP une source interne à l'agence.
Donald Trump semble avoir cristallisé sur ce haut fonctionnaire toute l'amertume que suscite chez lui l'enquête très sensible qui cherche à déterminer si l'équipe de campagne du milliardaire républicain s'est concertée avec les Russes pour influencer les résultats de l'élection présidentielle de 2016.
Ainsi, Donald Trump a publiquement reproché à son ministre de la Justice, Jeff Sessions, de ne pas avoir renvoyé Andrew McCabe à l'époque où celui-ci était directeur par intérim du FBI.
Le président a par ailleurs accusé M. McCabe d'être un ami de l'ex-patron du FBI James Comey, qu'il a lui-même limogé à cause de l'enquête russe.
Et il a également reproché à M. McCabe les liens présumés de son épouse, qui s'est engagée sous l'étiquette démocrate dans une élection en Virginie, avec le gouverneur de cet État, Terry McAuliffe. Ce dernier est un proche d'Hillary Clinton, ancienne rivale de M. Trump à l'élection présidentielle.
Selon des révélations de NBC lundi, M. Trump se serait mis en rage en voyant James Comey embarquer dans un avion du FBI, au lendemain de son renvoi.
Il aurait alors appelé M. McCabe et passé sa colère sur le nouveau directeur par intérim, à qui revenait la tâche de diriger le prestigieux bureau centenaire qui compte 30 000 employés jaloux de leur indépendance.
M. Trump a ensuite nommé un juriste qui a travaillé au sein du gouvernement de George W. Bush, Christopher Wray, pour remplacer M. Comey à la tête de la police fédérale américaine.
Lors d'un incident distinct, également postérieur à la mise à l'écart de M. Comey, Donald Trump a convoqué à la Maison-Blanche Andrew McCabe. Le président a alors demandé au chef policier pour qui il avait voté à la présidentielle, a rapporté la semaine passée le Washington Post.
Enfin, les critiques de M. Trump se sont intensifiées en décembre quand il est apparu qu'une juriste du FBI, Lisa Page, entretenait une liaison avec un enquêteur du Bureau, Peter Strzok, les deux amants affichant leurs sympathies pro-Clinton et anti-Trump.
Ces deux agents ont été impliqués dans l'enquête classée sans suite sur les courriels d'Hillary Clinton et sur celle portant sur la collusion présumée entre l'équipe de campagne de M. Trump et les Russes.
L'ex-ministre de la Justice sous l'ère de Barack Obama, Eric Holder, a pour sa part rendu hommage au directeur adjoint du FBI, le qualifiant de « serviteur de l'État dévoué ».
Il a sous-entendu qu'Andrew McCabe essuyait les plâtres, face à la colère que suscite chez Donald Trump l'enquête russe.
« Les attaques infondées contre le FBI et le ministère de la Justice afin de détourner l'attention d'une enquête pénale légitime ne font que causer un tort inutile et durable aux fondations de notre État », a commenté M. Holder.