LTDE

« L'Europe peut devenir un leader sur les questions énergétiques »

Le 28 juin dernier, Christian Buchel, CDO d’Enedis, a été élu à la présidence de l’EDSO for Smart Grids, association qui regroupe les principaux distributeurs européens d’électricité. La Tribune de l’Énergie fait le point avec lui sur les enjeux des smart grids à l’échelle continentale.
Interview de Christian Buchel, président de l'EDSO for Smart Grids

La Tribune de l'énergie : En Europe, les projets de smart grids se multiplient. Peut-on rappeler de quoi il s'agit ?

Christian Buchel : Ce sont des réseaux de plus en plus dynamiques, capables quel que soit leur niveau de tension de combiner la fonction de distribution avec les opportunités qu'offrent le digital. Aujourd'hui, le réseau distribue l'électricité, mais intègre aussi de la production délocalisée d'énergies renouvelables et les systèmes de stockage. La société a aussi beaucoup changé avec l'apparition de tendances comme l'autoconsommation collective ou l'économie circulaire. Finalement, les smart grids sont à la croisée des évolutions technologiques et sociétales.

LTDE : Comment décideurs publics et opérateurs coordonnent-ils leurs actions ?

C.B. : Au sein d'EDSO, nous sommes convaincus que l'Europe a une vraie opportunité de devenir le leader mondial en matière de solutions énergétiques et climatiques. L'Union européenne l'a bien compris en attribuant un rôle clé aux réseaux de distribution dans le cadre du Clean Energy Package (une série de mesures visant à favoriser la transition énergétique, ndlr). De manière générale, nous avons de nombreux sujets de discussion avec les instances européennes autour du stockage décentralisé par exemple, et nous apportons aussi notre expertise sur la question des « grid codes » qui visent à standardiser les normes des réseaux.

LTDE : Vous avez succédé à Joao Torres à la tête d'EDSO, quelle est votre mission au sein de cette institution ?

C.B. : EDSO a placé la réussite des smart grids au cœur de ses préoccupations. Cette association a été fondée en 2010 et regroupe 34 distributeurs européens qui couvrent 75% du raccordement électrique en Europe. Il s'agit, pour ces entreprises, de prendre en charge la dimension industrielle afin de transformer les réseaux en « smart grids ». Mon mandat se décline en cinq axes : rendre possibles les objectifs politiques du Clean Energy Package, renforcer le pouvoir des clients et des territoires pour qu'ils deviennent acteurs du système, accompagner la transformation digitale dans les entreprises, coopérer avec les infrastructures de transports d'électricité et travailler encore plus avec d'autres acteurs comme les start-up, les universités ou les industries de l'équipement.

LTDE : Les enjeux sont-ils différents à l'échelle européenne ?

C.B. : Il y a des différences structurelles, plus de parcs éoliens au nord, dans la Baltique par exemple, qu'au Sud près de la Méditerranée, mais les enjeux restent les mêmes et nous sommes réunis par la volonté de faire des smart grids une réalité. Un exemple parmi d'autres : le projet Interflex, piloté par Enedis, permet à chacun d'expérimenter des solutions. Au Pays-Bas, Enexis va s'intéresser à la façon dont les véhicules peuvent contribuer au système électrique, tandis qu'à Nice nous poursuivrons nos expérimentations sur l'ilotage. Et tous ces essais sont menés dans un objectif commun.

LTDE : Quelle est la place de la France sur cet échiquier ?

C.B. : Il n'y a pas de hiérarchie dans la mesure où tous les pays sont en mouvement. Sur la question des smart meters par exemple, l'Espagne se déploie au même rythme que la France. Par contre, localement et sur certains sujets, des nations prennent de l'avance. Les Pays-Bas sont à la pointe sur la question du véhicule électrique. Avec Enedis, la France possède quant à elle une vraie avance sur la gestion des données et l'open data.

LTDE : Actuellement, EDSO est impliqué dans sept projets de smart grids européens. Quelles sont les prochaines étapes ?

C.B. : Il ne faut pas oublier que, dans certains domaines, les réseaux intelligents sont déjà une réalité. Les smart meters, par exemple, constituent une brique essentielle des smart grids et les membres d'EDSO en ont déjà déployé près de 68 millions sur le territoire européen, dont 5 millions de compteurs Linky en France. Mais, à travers ces démonstrateurs, l'objectif reste surtout d'anticiper et de préparer la phase d'industrialisation qui sera la prochaine étape majeure dans la concrétisation de cette révolution.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 18/08/2017 à 20:27
Signaler
Ouverture sur la fusion nucléaire, avec un solution contre l'instabilité des plasmas de tores Tokamak ? - https://scienmag.com/discovered-a-quick-and-easy-way-to-shut-down-instabilities-in-fusion-devices/

à écrit le 16/08/2017 à 12:37
Signaler
Un package d’objectifs à atteindre : décentralisation, adaptabilité, sécurité d’approvisionnement, intégration des énergies renouvelables à tous les niveaux et le principe de subsidiarité. Je crois que l’on risque encore de naviguer entre subsidiari...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.