Publicité

Quelle que soit l'issue des négociations, le Brexit coûtera cher à l'économie britannique

Le site Buzzfeed s'est procuré un document confidentiel du gouvernement sur l'impact du Brexit. Il montre que tous les secteurs et régions du pays seront affectés.

Par Alexandre Counis, Adrien Lelièvre

Publié le 30 janv. 2018 à 10:14

C'est une fuite qui fait grand bruit. Et qui risque de fragiliser encore davantage Theresa May tant dans ses discussions avec Bruxelles que sur la scène politique britannique. Le site Internet Buzzfeed a publié lundi une note confidentielle rédigée en janvier par le gouvernement qui chiffre l'impact du Brexit sur l'économie britannique.

Or ses conclusions ne sont pas de nature à rassurer : le document, émanant du ministère du Brexit, révèle en effet que l'économie britannique se détériorera, quelle que soit l'issue des négociations que Londres et Bruxelles sont sur le point d'engager pour arrêter la nature de leurs relations post-Brexit, notamment sur le plan commercial.

Perdant dans tous les cas

En cas d'accord de libre-échange complet, le Royaume-Uni perdrait cinq points de croissance sur les quinze prochaines années, indique le document.

Publicité

Le scénario du « no deal » lui ferait même perdre huit points de croissance sur la même période. S'il parvenait à maintenir son accès au marché commun, par exemple en étant membre de l'Espace économique européen, le Royaume-Uni ne ferait que limiter la casse, avec une baisse de deux points.

Le pays pourrait certes nouer des accords de libre-échange avec les Etats-Unis, la Chine, l'Inde ou l'Australie. Mais le surcroît de croissance qui en résulterait ne compenserait pas la perte liée à sa sortie de l'UE : un accord avec Washington (auquel la note croit, quel que soit le scénario) apporterait 0,2 % de croissance en plus, et les autres accords commerciaux jusqu'à 0,4 %.

Tous les secteurs de l'économie impactés

La note précise par ailleurs que, quel que soit le dénouement des négociations, toutes les régions du pays seront affectées, à commencer par le Nord Est de l'Angleterre, la région de Birmingham et l'Irlande du Nord. Et tous les secteurs de l'économie seraient impactés, en particulier les secteurs financiers, la chimie, l'habillement, l'agroalimentaire, l'automobile et la distribution. Seule l'agriculture serait épargnée en cas de « no deal ». Et les dommages collatéraux pour la City seraient à peu près aussi lourds qu'un accord commercial soit signé ou non, si elle perd son accès au marché unique.

L'exécutif minimise

Le document avait vocation à rester secret. Il devait être montré cette semaine à chaque ministre à l'occasion d'entrevues individuelles, puis récupéré auprès d'eux, justement pour éviter les fuites. L'objectif était notamment de préparer la réunion, mercredi prochain, du sous-comité réunissant les membres du gouvernement intéressés au Brexit, afin d'aider l'équipe de Theresa May à arrêter une vision commune sur l'après Brexit.

C'est peu dire que la publication de cette note tombe mal pour le gouvernement. Même si elle est moins catastrophiste que celle réalisée par le Trésor avant le référendum sur le Brexit de juin 2016, elle risque d'exacerber les tensions déjà vives au sein du gouvernement et du parti conservateur, en renforçant à un moment crucial la main des partisans d'un « soft Brexit ». Elle pourrait être instrumentalisée par l'opposition, qui en a demandé la publication in extenso. Et elle menace d'affaiblir la position britannique alors que Londres et Bruxelles relancent leurs discussions.

Après avoir trouvé un accord en décembre 2017 sur les conditions du divorce entre l'Union et le Royaume-Uni, les 27 autres membres de l'UE ont posé lundi leurs conditions pour la période de transition qui débutera au lendemain de la date effective du Brexit, le 29 mars 2019.

Amateurisme

En décembre, le ministre du Brexit, David Davis, avait provoqué un tollé après avoir admis devant des élus de la chambre des Communes que ses services ne disposaient pas « d'étude d'impact », secteur par secteur, sur la sortie de l'UE. L'opposition avait alors réclamé sa démission et accusé le gouvernement d'amateurisme. Cette fois, le gouvernement a une étude d'impact. Mais sa publication par la presse pourrait lui valoir… le même type d'accusation.

Alexandre Counis (A Londres) et Adrien Lelièvre

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité