51% des femmes affirment parfois ressentir de l’insécurité dans les transports en commun. Et les violences à leur égard seraient sous-estimées dans les statistiques. C’est le constat dressé par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), dans une étude publiée mardi 30 janvier.
En moyenne, 45% des usagers affirment ne pas se sentir en sécurité dans les transports. Un sentiment qui touche particulièrement les femmes. En effet, elles sont 51% à admettre ressentir parfois de l’insécurité dans les transports, contre 38% des hommes. “7% des femmes utilisatrices des transports ne s’y sentent jamais en sécurité contre 4% des hommes” indique l’étude menée par l’ONDRP.
Les principaux facteurs d’insécurité sont les incivilités des autres passagers. Les bousculades, les injures, le fait de parler fort ou de fumer contribuent au climat anxiogène pour huit usagers sur dix. Un sentiment qui augmente lorsqu’il n’y a pas de personnel sur place ou de caméras de surveillance. L’étude précise également que l’état des stations peut avoir un impact, ainsi que le taux de remplissage des rames. Résultat, certains utilisateurs vont adapter leurs comportements pour éviter les situations stressantes, par exemple en changeant de mode de transport ou en évitant certaines stations ou horaires.
Regards intimidants, drague lourde, injures…
Les auteurs de l’étude soulignent que si les femmes se sentent davantage dans une situation d’insécurité, ce n’est pas parce qu’elles auraient “par nature” davantage peur que les hommes. Mais bien parce que les violences à leur égard “semblent être sous-estimées” dans les statistiques officielles. Christophe Soullez, chef de l’ONDRP, invité sur Europe 1, affirme que “les femmes vont être victimes d’un certain nombre de situations qui leur donnent un sentiment d’insécurité. Ce sont les regards intimidants, la drague un peu lourde, les injures, le harcèlement… La plupart de ces faits ne font pas l’objet de plaintes de la part des victimes, certains sont banalisés”. Et n’apparaissent donc pas dans les chiffres.
Une prise de conscience de l’opinion et des politiques
D’après une précédente étude de l’ONDRP datant de décembre 2017, 267000 personnes, essentiellement des femmes, ont été victimes d’atteintes sexuelles dans les transports en commun français en 2014 et 2015. Selon Christophe Soullez, suite au récent mouvement de libération de la parole des femmes, “c’est peut-être une situation qui va évoluer, en fonction des dispositions qui vont être prises par les pouvoirs publics et de la mobilisation de l’opinion publique par rapport à ce phénomène. On verra si cela va contribuer à diminuer ce genre de comportements et faire baisser ce sentiment d’insécurité”.
Certaines mesures sont déjà en cours d’élaboration. Avec par exemple la création d’un “délit d’outrage sexiste” afin de pénaliser le harcèlement de rue, une mesure initiée par la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Ou encore la possibilité d’arrêts à la demande dans les bus de nuit, mise en place par Valérie Pécresse (LR), présidente de la région Ile-de-France.
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