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Mort d’Alexia Daval : le mari mis en examen pour « meurtre sur conjoint »

Jonathann Daval a reconnu avoir étranglé sa femme. Placé en détention, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Par  (Besançon, correspondant)

Publié le 30 janvier 2018 à 12h24, modifié le 31 janvier 2018 à 06h34

Temps de Lecture 3 min.

Jonathann Daval, le 2 novembre 2017.

Après avoir nié durant des heures face aux gendarmes qui avaient pourtant réuni à son encontre un lourd faisceau de présomptions, Jonathann Daval l’a avoué, mardi 30 janvier en fin d’après-midi, dans l’ultime séquence d’une garde à vue entamée lundi à 9 h 30 : c’est lui qui, vendredi 27 octobre 2017, de retour d’un dîner avec son épouse Alexia chez ses beaux-parents à Gray (Haute-Saône), a tué la jeune femme, dont le corps avait été retrouvé en partie brûlé dans la forêt d’Esmoulins.

L’épilogue de ce crime, connu jusque-là comme le « meurtre de la joggeuse », en référence à la version initiale de Jonathann Daval, qui avait affirmé que sa femme n’était pas revenue d’une séance matinale de course à pied, a choqué la petite ville.

L’époux, sitôt le crime découvert, avait fait l’objet de rumeurs mais son attitude, lors de la marche blanche du dimanche 5 novembre, les avait dissipées. En pleurs, soutenu par son beau-père, en tête du défilé auquel plus de 8 000 personnes participaient, sa douleur affichée avait touché l’assistance. « L’émoi sera considérable à Gray où beaucoup l’ont soutenu et doivent se sentir un peu trahis », a commenté la procureure de la République de Besançon, Edwige Roux-Morizot.

En annonçant à la presse, mardi à 21 heures, que Jonathann Daval était mis en examen pour « meurtre sur conjoint », crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité, et qu’un placement en détention avait été requis, la magistrate du parquet a oscillé entre la satisfaction et la colère. Satisfaction, car elle juge les investigations de la gendarmerie « exemplaires ». Mais consternée, aussi, car les avocats de Jonathann Daval n’ont cessé de chroniquer eux-mêmes, devant les journalistes, la garde à vue, avec force détails.

« Pas soupçonné par hasard »

Au point que Me Randall Schwerdorffer et Me Ornella Spatafora ont pu donner le sentiment d’accabler leur client, « clairement en difficulté et pas soupçonné par hasard », ont-ils reconnu. A l’inverse, le conseil des parents d’Alexia, Me Jean-Marc Florand, s’est montré très respectueux du suspect et de la procédure, allant jusqu’à rappeler que des aveux ne valaient pas forcément preuve : il fut naguère l’avocat de Patrick Dils, condamné à tort pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz (Moselle).

Ainsi, grâce aux éléments relatés ou confirmés par les avocats, mais que la procureure de la République n’a pas tous validés, considérant qu’il incombait à l’instruction de les établir formellement, a-t-on pu reconstituer les faits dans leurs grandes lignes.

Jonathann Daval, 34 ans, technicien de maintenance informatique dans une entreprise locale, et son épouse Alexia, 29 ans, conseillère bancaire à Besançon, formaient un couple « en tension ». Lui, taiseux et effacé, sinon « humilié et rabaissé », ont encore précisé ses avocats, face à une compagne « au comportement parfois particulier », a concédé la procureure, évoquant des « médicaments » sans plus détailler. Les affrontements verbaux n’étaient pas rares.

Elément tenu secret

L’homme aurait étranglé son épouse, qui a dû se défendre puisqu’il portait des marques de griffures. A l’aide de son fourgon de service, il a ensuite transporté le corps. Le témoignage d’un proche voisin, alerté par le bruit du moteur, et l’analyse du tracker du véhicule ont fixé à 1 h 30 l’heure du démarrage. Les empreintes de pneus relevées dans la forêt concordaient. Sur place, Jonathann Daval a couvert partiellement Alexia d’un drap apporté du domicile. « Comme un linceul », ont suggéré ses conseils, passés soudain du rôle de représentants d’une partie civile à celui de défenseurs d’un accusé.

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Ce détail, qui ne collait pas avec un « crime de rôdeur ou de prédateur », selon Edwige Roux-Morizot, a intrigué les enquêteurs qui ont fait analyser le tissu à la recherche de traces d’ADN. Quand, après l’alerte donnée le samedi 28 octobre 2017 en fin de matinée par l’époux, « inquiet », puis deux journées de battues infructueuses, le cadavre a finalement été localisé, cet élément a été tenu secret. Les gendarmes ont exploré les autres pistes, par sécurité, et « fermé des portes ».

Me Schwerdorffer croit que son client, un « type formidable » qui a tout reconnu sauf d’avoir mis le feu au corps, a perdu pied durant « quelques secondes de sa vie ». Les enquêteurs, eux, relèvent qu’une strangulation ne se chiffre pas en secondes et qu’il a fallu bien du sang-froid pour revêtir le corps d’une tenue de jogging, artifice indispensable pour étayer la version servie le lendemain par le meurtrier à la gendarmerie. « La mort a été donnée volontairement, et non par accident », a confirmé la procureure.

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