Agression à Sarcelles : «Une nouvelle forme d'antisémitisme violente et brutale»

Un garçon portant une kippa a été agressé par deux adolescents lundi soir à Sarcelles (Val-d’Oise). Le parquet de Pontoise a «retenu le mobile antisémite».

 Edouard Philippe a missionné deux inspections générales de l'Etat afin d'évaluer les résultats de la lutte contre l'antisémitisme, dont les rapports seront «évidemment publics».
Edouard Philippe a missionné deux inspections générales de l'Etat afin d'évaluer les résultats de la lutte contre l'antisémitisme, dont les rapports seront «évidemment publics». AFP

    Un écolier de Sarcelles (Val-d'Oise) qui portait une kippa a été agressé à coups de pied par deux adolescents, lundi soir à Sarcelles, alors qu'il se rendait à un cours de soutien scolaire. Les agresseurs ne lui ont rien volé et n'ont pas proféré d'insultes mais le parquet de Pontoise dit avoir retenu «le mobile antisémite».

    Dans une série de tweets publiés dans la nuit de mardi à mercredi, Emmanuel Macron a estimé que «chaque fois qu'un citoyen est agressé en raison de son âge, de son apparence ou de sa confession, c'est toute la République qu'on agresse».

    «Et c'est toute la République qui se dresse particulièrement aujourd'hui au côté des Français de confession juive pour combattre avec eux et pour eux chacun de ces actes ignobles», a-t-il ajouté dans un second tweet.

    «Il existe une nouvelle forme d'antisémitisme violente et brutale»

    Edouard Philippe a dénoncé de son côté «une nouvelle forme d'antisémitisme violente et brutale» affichant sa détermination à «aller plus loin» alors que l'exécutif prépare un nouveau plan contre l'antisémitisme.

    «Lutter contre le racisme et l'antisémitisme, c'est évidemment avoir le courage de nommer les choses. Le courage d'affirmer, de reconnaître que oui, il existe une nouvelle forme d'antisémitisme violente et brutale qui s'exprime de façon de plus en plus ouverte sur notre territoire», a déclaré le Premier ministre lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. «Nous ne pouvons pas accepter que des Français s'en prennent à d'autres Français à raison de leur conviction religieuse, nous ne pouvons pas accepter qu'un enfant soit agressé en raison de signes extérieurs qui disent sa conviction religieuse», a-il poursuivi devant un hémicycle inhabituellement silencieux.

    Auparavant, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, avait condamné dans un communiqué «avec la plus grande fermeté (cette) lâche agression» qui est «contraire à nos valeurs les plus fondamentales».

    De son côté, le président des Républicains Laurent Wauquiez a dénoncé cette «agression lâche et abjecte» et estimé que «la naïveté face à la montée de l'antisémitisme doit cesser».

    De son côté, l'ancien Premier ministre Manuel Valls a dénoncé «une nouvelle démonstration de la montée effrayante de l'antisémitisme dans nos quartiers populaires».

    Après une année 2015 marquée par un nombre record d'actions et de menaces antisémites, les chiffres officiels avaient été pointés en net repli en 2016 (-58,5%), tout en se maintenant à un haut niveau. Le gouvernement voyait dans cette tendance les premiers résultats de son plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme jugé ambitieux.

    Mais la baisse s'annonce bien moindre sur l'année 2017, marquée par l'assassinat d'une femme juive défenestrée à Paris, Sarah Halimi, et la séquestration d'une famille juive en Seine-Saint-Denis. Sur les onze premiers mois, le recul des actes antisémites est de 7%, selon le ministère de l'Intérieur.

    «Le travail sera long»

    En France, «l'antisémitisme n'est pas neuf, il est ancien. Il n'est pas superficiel, il est comme enraciné», avait prévenu en décembre le Premier ministre Edouard Philippe. Le Premier ministre, qui s'est entretenu ce mercredi avec le président des communautés juives du Val-d'Oise, a confirmé qu'il présenterait «dans quelques semaines», lors de la semaine d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme, le nouveau «plan interministériel» du gouvernement, qu'il veut «large» et «ambitieux».

    Le chef du gouvernement a par ailleurs missionné deux inspections générales de l'Etat afin d'évaluer les résultats de la lutte contre l'antisémitisme, dont les rapports seront «évidemment publics». Edouard Philippe a également évoqué l'idée de permettre à un plaignant de qualifier lui-même le mobile de son agression, comme c'est le cas au Royaume-Uni mais pas en France, afin de mieux «identifier» les agressions antisémites. «J'ai demandé à ce qu'on évalue la portée de cette possibilité qui pourrait être offerte», a-t-il dit. «Le travail sera long», a reconnu le locataire de Matignon, «mais nous devons aller encore plus loin (...). La détermination du gouvernement est totale», a-t-il assuré.