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Catalogne : des textos volés révèlent le pessimisme de Puigdemont

L’ancien président de la région autonome laisse entendre que l’indépendance est morte et que lui-même a été « sacrifié » par les siens.

Par  (Madrid, correspondance)

Publié le 31 janvier 2018 à 19h57, modifié le 01 février 2018 à 09h29

Temps de Lecture 3 min.

Une manifestante avec un masque à l’effigie de Carles Puigdemont, devant le Parlement catalan, à Barcelone, le 30 janvier.

Carles Puigdemont a-t-il jeté l’éponge, abandonné pour de bon son ambition d’être réinvesti président de la Catalogne par le Parlement régional, ou n’a-t-il été victime que d’un coup de blues passager ? En public, il continue d’afficher sa détermination. Mais des messages téléphoniques qu’il a échangés avec son compagnon d’« exil », Toni Comin, mardi 30 janvier au soir, dans lesquels il s’avoue vaincu par Madrid, montrent un autre état d’esprit.

Quelques heures après la décision du président du Parlement catalan, Roger Torrent, d’ajourner sine die le débat d’investiture lors duquel M. Puigdemont entendait reprendre les rênes de la région autonome – à distance, afin de ne pas contrevenir à l’interdiction du Tribunal constitutionnel –, le dirigeant indépendantiste a échangé des messages sur son téléphone portable qui ont fuité sur la chaîne de télévision Telecinco. Il y considère que le gouvernement espagnol a remporté la bataille et laisse entendre que l’indépendance est morte et que lui-même a été « sacrifié » par les siens.

« On recommence à vivre les derniers jours de la Catalogne républicaine », écrit-il tout d’abord, fataliste, à M. Comin, ancien conseiller (ministre régional), filmé à son insu alors qu’il lit les messages de « Carles » par l’envoyé spécial de Telecinco à Louvain (Belgique), où il était invité à une réunion des nationalistes flamands.

« Tout cela est fini »

« Le plan de la Moncloa [le siège du gouvernement espagnol] triomphe. J’espère seulement qu’il est vrai que grâce à cela tous pourront sortir de prison, parce que sinon le ridicule historique est historique… », poursuit-il, en référence aux dirigeants indépendantistes en prison préventive – l’ancien vice-président catalan, Oriol Junqueras, le conseiller de l’intérieur destitué, Joaquim Forn, et les ex-présidents des deux puissantes associations indépendantistes Assemblée nationale catalane et Omnium cultural. Le message laisse entendre qu’un retrait politique et l’abandon de la désobéissance au Tribunal constitutionnel pourraient avoir comme contrepartie une certaine clémence judiciaire.

« Les nôtres nous ont sacrifiés, moi en tout cas »

« Je suppose que tu as compris que tout cela est fini. Les nôtres nous ont sacrifiés, moi en tout cas. Vous serez conseillers (je l’espère et le souhaite), mais moi je suis déjà sacrifié, comme le suggérait Tarda », ajoute-t-il dix minutes plus tard, en l’absence de réponse de M. Comin. Joan Tarda, porte-parole de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) au Parlement espagnol, avait déclaré, quelques jours plus tôt, que, « s’il le faut [pour mettre fin à la mise sous tutelle de la Catalogne par Madrid], nous sacrifierons Puigdemont ».

Et de conclure, dramatique : « Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre (j’espère longtemps !), mais je le consacrerai à mettre en ordre ces deux années et à protéger ma réputation. On m’a fait beaucoup de mal, avec des calomnies, des rumeurs, des mensonges, que j’ai supportés pour un objectif commun. Cela a touché à sa fin et il me revient de consacrer ma vie à ma défense. »

« Je ne plierai ni ne reculerai »

Mercredi, M. Puigdemont a reconnu la véracité de ces messages, tout en tentant de les relativiser, sur son compte Twitter.

« Je suis un être humain et il y a des moments où je doute aussi. Je suis aussi le président et je ne plierai ni ne reculerai, par respect, reconnaissance et engagement envers les citoyens et le pays. Continuons ! »

Il se trouve cependant qu’au moment même où il envoyait ces messages privés, il diffusait publiquement une vidéo assurant qu’il n’y avait « pas d’autre candidat possible » que lui à la présidence de la Catalogne et demandant aux indépendantistes de maintenir « l’unité ».

De quoi provoquer les critiques de la chef de file locale du parti constitutionnaliste et libéral Ciudadanos, Inés Arrimadas, qui s’est insurgée sur la chaîne de télévision La Sexta contre « ces gens qui sont en train de fracturer la société catalane pour rien, parce qu’ils ne sont pas assez courageux pour dire que le processus sécessionniste ne va nulle part ».

D’autres se méfient de cette « fuite » et soulignent que M. Comin était tout sauf discret lorsqu’il regardait son téléphone, malgré la présence de nombreuses caméras. M. Puigdemont a-t-il intérêt à se présenter en victime à la fois de la Moncloa et des siens ? Sans doute si son objectif est la tenue de nouvelles élections. Car ces messages pourraient mobiliser les indépendantistes en sa faveur et affaiblir son rival de la Gauche républicaine de Catalogne. Avec, comme slogan, « Puigdemont contre tous… »

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