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HONG KONG

Des étudiants de Hong Kong protestent contre l'imposition du mandarin par Pékin

Vidéo de la manifestation organisée le 26 Janvier 2018, devant l’université baptiste de Hong Kong, publiée sur la page Facebook du magazine The Young reporter.
Vidéo de la manifestation organisée le 26 Janvier 2018, devant l’université baptiste de Hong Kong, publiée sur la page Facebook du magazine The Young reporter.
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Des centaines d’étudiants ont manifesté à l’université baptiste de Hong Kong (HBKU) vendredi 26 janvier. En cause : l’obligation faite par les autorités académiques de passer un test de mandarin, langue essentiellement parlée en Chine continentale, et la suspension de deux étudiants "contestataires".

Le test, nécessaire pour être diplômé a été mis en place en 2007 mais suscite depuis une vive opposition de la part des étudiants. La langue principale d’Hong Kong étant le cantonais, ces derniers ne comprennent pas l’imposition du mandarin à l’université.

Le mandarin est la langue officielle de la Chine, parlé par environ 850 millions de locuteurs en Chine continentale. Les natifs de Hong Kong, comme de plusieurs régions du sud de la Chine, parlent le cantonais.

Vidéo de la manifestation organisée le 26 Janvier 2018, devant l’université baptiste de Hong Kong, publiée sur la page Facebook du magazine The Young reporter.

Un test de dispense depuis 2016

 

En 2016 un référendum avait été organisé : 90 % des étudiants interrogés avaient déclaré vouloir mettre fin à ce test. En réaction, l’université avait mis en place un test de dispense, auquel 70 % des étudiants ont échoué, ce qui les a contraint à passer le test de mandarin.

Le 17 janvier 2018, une trentaine d’étudiants se sont alors rendus au siège des langues de l’université, avec l’objectif d’obtenir le retrait du test et enclencher le dialogue avec le corps enseignant. Pendant près de huit heures, ils ont occupé les locaux du bureau des langues.

À la suite de ces échauffourées avec le personnel enseignant, deux étudiants ont été suspendus, dont le président du syndicat étudiant. Une semaine après, le doyen de l’université Roland Chin a motivé ces suspensions auprès de la presse pour manque de respect à l’encontre du personnel universitaire. Une décision qui a provoqué un tollé au sein de la communauté étudiante. Pour certains étudiants, cette affaire, qui aurait pu être traitée de manière interne, a été instrumentalisée pour servir des agendas politiques.

>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Sept raisons pour les Hongkongais d’avoir peur de la Chine continentale

 

"Le cantonais est le dialecte qui définit l’identité de Hong Kong"

Raphael Blet est étudiant et travaille au Young Reporter, le magazine de l’université baptiste de Hong Kong.

 

Ce qui se présentait comme un problème interne, s’est rapidement transformé en affrontement politique. Pour certains étudiants, ce test de langue est vu comme une stratégie d’influence sur le long-terme de la part de Pékin. Le gouvernement chinois voudrait marginaliser l’utilisation du cantonais, le dialecte qui définit l’identité de Hong Kong.

La communauté étudiante se révolte aussi du fait de la sur-médiatisation de l’affaire. Le choix fait par l’administration d’annoncer à la presse la suspension de deux étudiants serait une façon de mettre les étudiants dans le viseur des autorités chinoises.

Les étudiants avancent par ailleurs qu’ils connaissent suffisamment le mandarin, comme l’explique Jessie, qui a participé à la marche du 26 janvier.

"L’université est censée être le dernier rempart contre les injustices, mais elle nous marginalise"

 

J’ai déjà passé le test de mandarin. Cela ne m’empêche pas de le trouver irraisonnable. Nous avons tous déjà reçu une éducation en mandarin au collège et en primaire. Nous sommes tous capables d’avoir une communication basique en mandarin. Nous vivons et comptons travailler à Hong Kong, où la langue de base est le cantonais. Exiger de nous ce test est une aberration qui a duré trop longtemps et qui répond à un agenda politique.

Cette politique a commencé en 2007 et depuis les étudiants n’ont cessé de s’y opposer. L’université a ignoré notre opposition.

Lors du sit-in au centre de langues, plusieurs étudiants ont reçu des appels anonymes, les invitant à ne pas participer aux rassemblements. Et à chaque fois, le doyen a fermé les yeux.

Les deux étudiants ont été suspendus sans aucun suivi disciplinaire. L’université se plaint du comportement de ces étudiants, elle se dit déçue mais nous sommes tout autant déçus ! L’université est censée être le dernier rempart contre les injustices. Elle est censée nous protéger, et se faire la porte-voix de nos revendications. Au lieu de cela, elle cherche à nous marginaliser. C’est une période critique et nous ne devons pas laisser d’autres étudiants faire face à une situation aussi injuste.

Depuis leur retour dans le giron de la Chine en 1997, les Hong-Kongais se préoccupent de l’influence croissante du gouvernement chinois sur leur territoire. Les universités sont devenues des terreaux de contestation, notamment en 2014 avec le mouvement pro-démocratique dit des "parapluies". Pour mieux contrôler les universités, le gouvernement de Pékin a nommé des personnalités pro-gouvernementales au sein des postes universitaires.

>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Hong Kong et la désobéissance civilisée

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