Alors que le chômage reste à un haut niveau en France, malgré une croissance à la hausse, certains pays de l’Est n’en finissent pas de flirter avec le plein emploi. C’est notamment le cas de la Pologne, qui est passée d’un taux de chômage de 5,3% au début de l’année 2017, à 4,4% en décembre dernier, d'après les données fournies par Eurostat. De quoi rendre jaloux le gouvernement français, mais le phénomène a aussi des désavantages. Les entreprises polonaises doivent faire face à un déficit de main d’oeuvre. Elles ont bien tenté d’augmenter les salaires pour attirer le maximum de candidats, mais le problème est que la pénurie a aussi été intensifiée par une émigration massive des travailleurs polonais.

Si l’on en croit une étude publiée en avril dernier par la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface), ce sont 20 millions de personnes qui ont quitté l’Europe de l’Est depuis 1990, “amputant la croissance de la population en âge de travailler de 0,5% à 1% chaque année”. Alors pour enrayer le phénomène et réduire la pénurie de main d’oeuvre, la Pologne a de son côté fait le choix de favoriser l’immigration. Mais attention, pas n’importe laquelle : l’immigration chrétienne.

La suite sous cette publicité
Publicité
La suite sous cette publicité
Publicité

>> À lire aussi - Allemagne : le chômage au plus bas depuis la réunification

C’est ainsi que l’on retrouve désormais énormément de travailleurs immigrés ukrainiens en Pologne, l’Ukraine étant en effet un pays majoritairement chrétien. Entre 2015 et 2016, du fait du conflit avec la Russie, 1,3 million d’Ukrainiens sont partis s’installer en Pologne, où ils occupent essentiellement des emplois peu qualifiés. Cela ne semble néanmoins pas suffire : en ne voulant pas des réfugiés qui affluent du Moyen-Orient, le gouvernement polonais prive le pays d’une résolution plus rapide du problème de la pénurie de main d’oeuvre.

Le gouverneur de la banque centrale de Pologne s’est récemment inquiété du choix de limiter l’immigration aux populations chrétiennes. “Trouverons-nous encore assez de bras immigrés pour compenser notre manque de bras ?”, s’est-il ainsi inquiété. Et ce ne sont pas les nouvelles générations de Polonais qui vont changer les choses : la Pologne a l’un des taux de fécondité les plus bas d’Europe (1,32 enfant par femme en 2015). Si le pays ne change pas de politique d’immigration, le problème semble parti pour durer.

>> À lire aussi - La Pologne malade de sa santé