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Meurtre de Sarah Halimi : une demande de requalification antisémite toujours sans suite
L'expertise psychiatrique a conclu que le suspect avait été pris d'une "bouffée délirante aiguë" mais "pas incompatible avec une dimension antisémite".

Meurtre de Sarah Halimi : une demande de requalification antisémite toujours sans suite

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La requalification paraît évidente, et pourtant… La juge d'instruction chargée de l'affaire du meurtre de Sarah Halimi est saisie depuis plusieurs mois de deux demandes destinées à retenir le caractère antisémite du crime : elle en a rejeté une, révèle l'AFP ce mardi 30 janvier, sans encore donner suite à l'autre. Explications.

L'avocat des enfants de cette femme juive, morte défenestrée par son voisin en avril 2017 à Paris, avait réclamé en décembre la requalification des faits en "assassinat", avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme. Mais la juge Anne Ihuellou a refusé lundi cette requête au motif que les parties civiles n'étaient pas fondées selon elle à demander dans ce cadre une requalification de la mise en examen, selon son ordonnance consultée par l'agence.

Mais une autre demande similaire avait été formulée il y a quatre mois par le parquet de Paris, et celle-ci est restée sans réponse à ce jour. Le 20 septembre, après la remise du rapport d'expertise psychiatrique du suspect, le parquet avait requis que le caractère antisémite soit retenu. La juge peut néanmoins encore procéder à tout moment à une requalification de la mise en examen.

Interné aux lendemains du drame, le suspect, Kobili Traoré, a été mis en examen le 10 juillet pour meurtre, sans que soient retenus la préméditation ni la motivation antisémite, au grand dam des parties civiles. Dans la nuit du 3 au 4 avril, dans un immeuble HLM du quartier populaire de Belleville, ce jeune homme de 27 ans s'était introduit dans l'appartement de sa voisine, Lucie Attal, juive orthodoxe âgée de 65 ans et aussi appelée Sarah Halimi. Aux cris d'"Allah Akbar", entrecoupés d'insultes et de versets du Coran, ce jeune musulman l'avait rouée de coups sur le balcon avant de la défenestrer. "J'ai tué le sheitan" (le démon, en arabe), avait-il hurlé.

L'expertise a conclu que le suspect avait été pris ce jour-là d'une "bouffée délirante aiguë" après une forte consommation de cannabis, mais que ce trouble psychotique n'était "pas incompatible avec une dimension antisémite" et n'écartait pas sa responsabilité pénale. Lors de son hommage en juillet aux victimes de la rafle du Vél d'Hiv, Emmanuel Macron avait lancé cet appel à peine voilé à "faire toute la clarté" sur la dimension antisémite du meurtre : “Malgré les dénégations du meurtrier, la justice doit faire toute la clarté sur la mort de Sarah Halimi”.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne