Autoroutes : les péages de la discorde

Les associations de défense des consommateurs et des  automobilistes dénoncent les hausses de tarifs aux péages. ©Maxppp - JOURDAN Simon
Les associations de défense des consommateurs et des automobilistes dénoncent les hausses de tarifs aux péages. ©Maxppp - JOURDAN Simon
Les associations de défense des consommateurs et des automobilistes dénoncent les hausses de tarifs aux péages. ©Maxppp - JOURDAN Simon
Publicité

Entre hausse des tarifs et guerre des chiffres, les automobilistes vont payer davantage.

Avec les hausses de tarifs de péage qui interviennent aujourd’hui : entre 0,87 % et un peu plus de 2%, la polémique sur leur montant a déjà repris. Des hausses en moyenne supérieures à l’inflation qui posent la question de savoir comment les justifier… Et pour cause, les relations n’ont cessé de s’envenimer entre le gouvernement d’un côté, les sociétés concessionnaires de l’autre. Des épisodes à rebondissements multiples, lesquels ont été ponctués d’un gros point de suspension : on se souvient de celui de 2015, lorsque Ségolène Royal annonça le gel des tarifs, lequel n’aura duré que le temps d’une saison. A partir de l’année suivante, La machine à cash est repartie de plus belle. Entre temps l’absence d’accord entre l’Etat et les concessionnaires s’était soldé par le blocage pour  plus de trois milliards de travaux…Au bout du compte, la facture est reportée sur les années suivantes, "lissée" comme disent les professionnelles, mais personne n’y comprend plus rien entre ceux qui accusent les groupes de BTP de profiter de la situation et les tergiversations des gouvernements.

On n’est pourtant sorti des années des controverses financières  qui ont suivi  la privatisation des sociétés d’autoroute.

Publicité

Apparemment seulement. En fait, on est toujours dans une relation de défiance de part et d’autres. A ceux qui pointent les profits des concessionnaires, il leur est répondu : vous oubliez les quarante milliards d’euros de dettes cumulées qu'aurait laissé  l’Etat…Cela ne se résorbe pas comme ça. Les péages serviraient à rembourser les emprunts contractés.  Et quand il leur est reproché de distribuer des dividendes importants, les mêmes concessionnaires répondent qu’il y a près de trois milliards de travaux à financer à l’année, et qu’une partie des bénéfices est réinvestie dans ces travaux. Les sociétés se défendent aussi en invoquant des coûts de fonctionnement de plus d’un milliard par an. Oui, mais vous avez supprimé des milliers d’emploi au péage leur est- il répondu.

Toujours des  querelles de chiffres !

Dispute sur les chiffrages qui est  remontée à la Cour des comptes. Elle a pris position en 2014 : elle a estimé que les tarifs étaient opaques et parfois injustes : il suffit de voir les différences tarifaires sur certains tronçons,  qui peuvent aller de 1 à 3 au km parcouru. Pas très compréhensible. Les associations d’automobilistes ont vertement  protesté. Et elles continuent de le faire d'ailleurs.  Pourtant, Mais ces tarifs ont besoin d’être validés par les services de l’Etat avant d’entrer en application:  à hauteur de  montants qui autorisent à répercuter 70 % de l'inflation. Sauf que cela n’empêche pas des taxes additionnelles...Cela n’empêche pas non plus l’Etat d’augmenter sa part dans les tarifs en allongeant la taxe domaniale par exemple pour financer des déficits de lignes ferroviaires… Reste que l’autorité de la concurrence a estimé  la rentabilité des exploitants injustifiée, pouvant s’assimiler à de la rente.  Et aujourd’hui  On en est toujours dans ce jeu de rôle singulier qui débouche sur un régime de hausses très inégales d’une année sur l’autre...Avec des épisodes de rattrapage qui vont s’étaler jusqu’en 2023, et  qui vont retomber sur qui ?  Les automobilistes. Cela au moins c’est clair !

L'équipe