Deux journalistes japonais se promènent dans les rues d’Aarhus. Bien que la ville porte actuellement le titre de capitale européenne de la culture, ils ne tiennent pas à la main un programme culturel, mais un itinéraire pour se rendre à la mosquée locale. Il y a quelques années de cela, plusieurs dizaines de djihadistes sont partis d’ici pour se rendre en Syrie. Or aujourd’hui, Aarhus représente aux yeux du monde un modèle en matière de déradicalisation et de réintégration de ces djihadistes. Au point que des journalistes font le voyage, parfois depuis l’Extrême-Orient, pour étudier le modèle local.

En 2012-2013, au moins 35 Danois sont partis d’Aarhus pour la Syrie, ce qui en fait la ville danoise comptant le plus grand nombre de combattants. Étonnant pour une ville de province d’à peine 300 000 habitants, entourée de plages et de bois. Le centre est envahi d’étudiants et de bars branchés. À sept kilomètres de là, dans le quartier résidentiel défavorisé de Gellerup, des barres d’habitation aux couleurs vives s’ordonnent géométriquement à côté d’une zone industrielle. De l’un à l’autre, seule la ligne de bus 4A fait la jonction.

Une batterie d’aides

Ces dernières années, une vingtaine de combattants syriens sont rentrés à Aarhus. À leur retour, loin de les punir, l’État leur tend la main. Ils reçoivent des soins médicaux et un accompagnement psychologique, on les aide à trouver un logement et un travail. “Cela nous semble être la meilleure solution. Nous ne disposons d’aucun élément prouvant qu’ils ont commis des actes répréhensibles en Syrie”, explique Allan Aarslev, qui est chargé d’accompagner le projet d’intégration au sein de la police.

La méthode est controversée, reconnaît-il. Mais les faits semblent donner raison à Aarhus. Le Danemark reste épargné par les attentats – exception faite de celui commis à Copenhague contre un dessinateur suédois. Et, souligne Allan Aarslev, “depuis 2014, plus personne ne part pour la Syrie”.

La police reste en contact avec ceux

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Eline Bergmans
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