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Ingérence russe : Trump s'estime innocenté par le « mémo » déclassifié

+ DOCUMENT. La note, publiée vendredi par la Chambre des représentants, pourrait avoir des conséquences sur la légitimité des investigations du procureur Robert Mueller.

Par Agathe Mercante

Publié le 2 févr. 2018 à 19:13

Aussitôt dit… La commission du Renseignement de la Chambre des représentants américaine a publié ce vendredi la note controversée dénonçant les méthodes du FBI, quelques minutes seulement après l'annonce par Donald Trump que cette note avait été déclassifiée.

« Elle a été déclassifiée, nous verrons ce qui se passera », a déclaré le Président des Etats-Unis.

La note confidentielle de trois pages et demie affirme « soulever des inquiétudes quant à la légitimité et la légalité de certaines actions » lancées par le FBI et le ministère américain de la Justice.

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Samedi matin, DonalD Trump a considéré que la publication de la note l'innocentait dans l'enquête russe, une « chasse aux sorcières » selon lui.

« Après un an à chercher continuellement, pour ne RIEN trouver, (l'accusation de) collusion est morte », a-t-il asséné, ajoutant qu'il n'y avait également eu « aucune entrave » à la justice. Pour le président des Etats-Unis, la poursuite de l'enquête est « une honte pour l'Amérique ».

Manquements à la loi sur la surveillance

Dans cette affaire, Donald Trump tente clairement de mettre en cause l'intégrité du ministère de la Justice et du FBI. Il est en effet reproché à ces deux institutions d'avoir commis des abus afin d'obtenir le mandat d'un juge pour espionner les conversations d'un ancien conseiller diplomatique de l'équipe de campagne de Donald Trump, Carter Page.

Adoptée il y a 40 ans, la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act) impose en effet aux enquêteurs du ministère de la Justice de présenter à un magistrat fédéral des éléments probants - laissant soupçonner par exemple qu'un individu travaille clandestinement pour une puissance étrangère - afin d'avoir le droit de placer cette personne sur écoute.

Pour obtenir le précieux mandat judiciaire, le ministère et le FBI se sont appuyés sur des informations collectées par Christopher Steele, un ancien espion britannique.

Christopher Steele, clef de voûte de l'accusation républicaine

Or, celui-ci a opéré dans le cadre d'une mission, financée par le parti démocrate et l'équipe de campagne de Hillary Clinton, relevant, selon la note, d'une partialité anti-Trump. C'est d'ailleurs sur la base quasi-exclusive du « dossier » compilé par Christopher Steele que la demande de mandat d'écoute a été présentée au magistrat fédéral.

Des informations d'autant plus troublantes que Christopher Steele, qui était également une source du FBI, avait vues, à plusieurs reprises, sa fiabilité remise en cause. Il a, révèle la note, menti sur ses contacts et a fait des confidences aux médias, violant alors les règles de confidentialité du monde du renseignement.

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Cette demande a été signée par quatre hauts responsables qui ont, toujours selon le mémo, volontairement omis de préciser les supposées motivations politiques de Christopher Steele : le directeur d'alors du FBI, James Comey ( brutalement limogé par Trump le 9 mai 2017), son ancien adjoint Andrew McCabe, l'ancienne vice-responsable du ministère Sally Yates et l'actuel numéro deux Rod Rosenstein.

Le fait d'utiliser devant un juge des informations provenant d'une entité ayant des préjugés ou des intentions cachées n'est pourtant pas rare : au magistrat d'estimer ensuite le poids à donner à ces informations.

VIDEO. Témoignage de James Comey : ses principales déclarations

Interrogations sur l'impartialité de la note

La partialité du mémo, que l'opposition démocrate estime fabriqué de façon partisane afin de protéger le milliardaire des soupçons de collusion entre sa campagne et la Russie, fait également l'objet de questions.

En effet, rappelle l'AFP, Carter Page faisait l'objet de soupçons du FBI depuis 2013, soit bien avant la mission d'investigations confiée à Christopher Steele.

Par ailleurs le dossier de Steele n'a pas été le déclencheur de l'ouverture de l'enquête - d'abord confidentielle - du FBI sur une possible collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump.

Celle-ci a en effet été ouverte en juillet 2016, les services de renseignement américains ayant constaté des communications intensives entre des Russes et des proches du candidat républicain, notamment le conseiller George Papadopoulos.

Craintes pour l'enquête sur l'ingérence russe

La publication de cette note n'a pas manqué de faire réagir. A commencer par les démocrates, qui ont d'emblée agité le spectre d'une « crise constitutionnelle » si Donald Trump choisissait de prendre pour prétexte la publication de ce texte controversé pour limoger les principaux responsables de l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle.

« Limoger Rod Rosenstein (le numéro deux du ministère de la Justice), des dirigeants du ministère de la Justice, ou Robert Mueller (le procureur spécial en charge de l'enquête sur l'ingérence russe), pourrait créer une crise constitutionnelle sans précédent » depuis l'ère Nixon, avertissent les leaders démocrates au Congrès dans une lettre au président Donald Trump.

Ceux-ci s'inquiètent des conséquences pour l'enquête du procureur spécial Robert Mueller, chargé de découvrir une éventuelle collusion américano-russe,

Une inquiétude justifiée : Donald Trump a refusé de renouveler sa confiance en Rod Rosenstein, déclarant, énigmatique : « Je vous laisse deviner pourquoi ».

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