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Service national universel : un rapport émet "d'importantes réserves"

Un rapport dévoilé par Les Echos pointe les "contraintes", la "complexité" et le "coût" du service national universel défendu par Emmanuel Macron pendant sa campagne.

Thomas Liabot , Mis à jour le
Emmanuel Macron lors de ses voeux aux armées à Toulon, en janvier.
Emmanuel Macron lors de ses voeux aux armées à Toulon, en janvier. © Reuters

Le service national universel promis par Emmanuel Macron pendant sa campagne va-t-il voir le jour? Le Président y tient mais les doutes sont nombreux sur ce sujet. Un rapport non publié, commandé par Edouard Philippe en septembre et dont le contenu est dévoilé par Les Echos dimanche, émet d'importantes réserves liées au coût du projet notamment. "Beaucoup disent que c'est impossible à faire. Mais, rassurez-vous, je suis depuis bien longtemps habitué à ces débuts de discussion. Cela forge plutôt en moi la conviction que c'est une nécessité de le faire. Et cela répond à ce qui corrode au plus profond la cohésion de la Nation, à la tentation de l'individualisme", a assuré Emmanuel Macron mardi, devant 800 personnes réunies à l'Elysée pour ses voeux aux forces vives de la Nation et aux corps constitués.

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Des "contraintes" à "examiner de très près"

Commandé par le Premier ministre auprès des cinq inspections générales (administration, armées, finances, éducation, jeunesse et sports), le rapport dévoilé par Les Echos a "beaucoup énervé Emmanuel Macron", souligne un connaisseur du sujet interrogé par le quotidien. Il présente trois scénarios différents :

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  1. Un mois de formation militaire couplée à de l'éducation civique et citoyenne et des activités sportives.
  2. Un mois qui comprendrait cinq journées consacrées à la citoyenneté et trois semaines avec "des engagements à préciser".
  3. Un parcours entre 16 et 20 ans encadré par des militaires, des enseignants et des éducateurs sportifs.

Selon ce rapport, les contraintes liées à l'hébergement des jeunes concernés sont importantes. L'option de l'internat obligatoire est jugée "très complexe", tout comme la mobilisation pendant l'été des personnels d'entretien des collectivités, des enseignants et des militaires. Toutes ces "contraintes" doivent être "examinées de très près", écrivent les rapporteurs.

"Les positions exprimées à ce jour sur le service universel d'un mois font ressortir d'importantes réserves tenant à la fois au caractère obligatoire de ce service, à l'importance des moyens matériels et humains à mobiliser pour accueillir et encadrer toute une classe d'âge, pendant plusieurs semaines, aux doutes exprimés sur la possibilité d'entretenir un résultat significatif, en un mois, au regard des objectifs affichés", conclut le rapport.

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Turbulences à l'Assemblée nationale

A l'origine, la promesse lancée en mars 2017 par le candidat Macron était de rétablir un "service national obligatoire et universel", d'une durée d'un mois et pour l'ensemble d'une même classe d'âge, "soit environ 600.000 jeunes par an". Le chef de l'Etat avait promis mi-janvier que ce projet serait "conduit par l'ensemble des ministères concernés, et pas simplement par le ministère des Armées", avec "un financement ad hoc" qui ne figurera pas dans la loi de programmation militaire 2019-2025.

Mais sa faisabilité suscite toujours des doutes, en raison de son coût (estimé entre deux et trois milliards d'euros par an par Emmanuel Macron pendant sa campagne) et des capacités d'accueil des armées, devenues inadaptées depuis la suppression en 1997 du service militaire obligatoire. Emmanuel Macron ne baisse pas les bras. Il s'apprête selon Les Echos "à nommer un groupe de travail dont on attend les conclusions pour avril". "Il ne s'agit pas de réinventer le service militaire" mais de donner "à la jeunesse de France des causes à défendre, des combats à mener dans les domaines social, environnemental, culturel", a-t-il plaidé mardi.

Mais signe des tensions autour de ce projet, l'Assemblée nationale a reporté la publication de son rapport. Selon une source parlementaire, la raison est sans doute que "même si le financement était annoncé 'ad hoc'", le service national "aura(it) un impact sur le budget de Défense", ce qui "divise" le gouvernement. Les députés se sont sentis "pris entre l'enclume jupitérienne et la foudre des armées", a commenté la semaine dernière un parlementaire LREM membre de la commission Défense à l'AFP. Ce rapport sera finalement présenté le 21 février.

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