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L'Allemagne valide la semaine à 28 heures dans la métallurgie

Une manifestation des travailleurs allemands à Hambourg, à la fin du mois de janvier. DANIEL BOCKWOLDT/AFP

La grogne s'était accru en Allemagne durant ces dernières semaines. Le puissant syndicat IG Metall a finalement eu gain de cause : un accord de branche a été signé dans le secteur de la métallurgie dans la région de Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest de l'Allemagne.

C'est une grande première. Les salariés de la métallurgie allemande vont avoir le droit de réduire leur temps de travail à 28 heures par semaine, sans compensation salariale et pour un temps limité toutefois, selon un accord de branche annoncé dans la nuit de lundi à mardi. La fédération des employeurs de ce secteur, qui comprend notamment l'industrie automobile, a parlé dans un communiqué d'un «compromis supportable» mais contenant des «éléments douloureux». L'accord a été conclu après des semaines de négociations et en parallèle de débrayages dans les usines de la part du syndicat de branche IG Metall, pour soutenir ses revendications, portant notamment sur davantage de flexibilité pour les salariés dans la définition de leur temps de travail.

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Sur ce dernier point, ils ont donc obtenu une ouverture importante et symboliquement forte avec la généralisation du droit au temps partiel à 28 heures par semaine. Dorénavant les salariés du secteur, ayant au moins 2 ans d'ancienneté dans leur entreprise, pourront demander à bénéficier de cette réduction de leur temps de travail pour une durée comprise entre 6 et 24 mois, à l'issue de laquelle ils auront la garantie de pouvoir retrouver leur poste à temps plein.

Il s'agit d'une avancée pour le syndicat de branche IG Metall. En revanche ce dernier n'a pas pu obtenir satisfaction d'une autre de ses revendications clés: il demandait à ce que les salariés concernés bénéficient dans le même temps d'une compensation financière partielle de leur employeur pour le manque à gagner. Il s'agira donc d'un temps partiel strict. «Cela va aider les salariés à mieux combiner vie professionnelle et vie privée», a souligné la fédération patronale du secteur dans un communiqué. Mais «avec cette solution nous avons fait en sorte que la revendication initiale d'IG Metall d'une compensation financière» pour le temps partiel «ne soit pas retenue», a-t-elle ajouté.

«Pas transposable» en France selon Pierre Gattaz

Le patronat a aussi obtenu en échange davantage de flexibilité pour augmenter le temps de travail à 40 heures par semaine pour les salariés qui le souhaitent, contre 35 heures en moyenne dans le secteur. L'accord, qui comprend ausi un volet sur les augmentations de salaires, a été conclu dans un premier temps par les représentant des employeurs de la métallurgie et d'IG Metall dans la région de Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest de l'Allemagne. Cette région, où se situent de nombreux constructeurs automobiles, a toutefois valeur de zone pilote pour l'ensemble du secteur, qui devrait reprendre à son compte le compromis dans les jours à venir. Au-delà, les accords dans la métallurgie allemande ont historiquement valeur d'indicateur pour l'ensemble de l'économie allemande, au moment où de nombreux secteurs, y compris les services et la fonction publique mènent des négociations salariales.

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Un accord «pas transposable en France», selon le président du Medef, Pierre Gattaz, qui salue régulièrement le modèle économique allemand. «Qu'il y ait des négociations de ce type-là, je n'ai rien à dire de particulier. Mais ce n'est pas transposable à la France à ce jour», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, soulignant que l'Allemagne avait mené depuis 2003 des «réformes fondamentalement importantes (...) qui ont débouché sur ce que certains appellent le miracle allemand». «Nous avons 10 à 12 ans de retard sur les Allemands, faisons les réformes qui vont bien en France pour avancer et pour que ce partage de richesses se fasse», a poursuivi le patron des patrons. Il a par ailleurs estimé que ce type d'avancée devait se faire dans le cadre européen.

«Ce qui est important, c'est de le faire collectivement, et je pense que c'est là que le projet européen devient extrêmement important», a-t-il jugé, appelant à «une convergence sur le plan fiscal et sur le plan social». «Si dans 10 ou 15 ans la plupart des pays européens sont à 28 heures par semaine, eh bien pourquoi pas?», a-t-il lancé. «Après, il faut savoir que (...) nous sommes dans un monde globalisé, ouvert, et que les autres pays travaillent plus que 35 heures», a-t-il toutefois mis en garde, jugeant qu'il fallait voir si un système de 28 heures était «tenable dans le temps dans cette économie très mondialisée». Un accord de branche sur la réduction du temps de travail dans la métallurgie a été annoncé dans la nuit de lundi à mardi en Allemagne: les salariés de ce secteur auront la possibilité de travailler 28 heures par semaine, sans compensation salariale et pour un temps limité toutefois.

L'Allemagne valide la semaine à 28 heures dans la métallurgie

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304 commentaires
  • Nation 19

    le

    L'inénarrable Pierre Gattaz qui pense tout d'un coup qu'on ne peut pas exporter le modèle allemand ! les libéraux sont vraiment des buses.

  • Munstead

    le

    Ce n'est pas l'Allemagne qui valide, c'est un accord entre syndicats et patronats dans une région

  • Xpitou

    le

    Il faut dire aussi que l'accord conclu concerne dans un premier temps le Baden-Württenbeg (Region de Stuttgart) mais sera probablement Repris pour d'autres régions, dont la Rhénanie-Westfalie, la Ruhr.

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