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Médecine, justice... les filières sélectives se féminisent

Devenues des « bêtes à concours », les femmes sont aujourd’hui majoritaires dans des cursus très sélectifs, comme la médecine ou la magistrature.

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Publié le 06 février 2018 à 09h39, modifié le 06 février 2018 à 09h39

Temps de Lecture 4 min.

L’excellence académique a changé de sexe. « Les femmes réussissent globalement mieux à l’école et sont en moyenne aujourd’hui plus diplômées de l’enseignement supérieur que les hommes », note l’Insee. Mieux : « La part des jeunes femmes a particulièrement augmenté aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie des diplômes », relève une étude du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq). En 2010, 61 % des nouveaux titulaires de master et de doctorat étaient des femmes, contre 51 % et 52 % en 1998.

Même si elle demeure encore inéquitable dans certains domaines, tels que l’informatique ou les télécoms, cette féminisation des forces vives – la France comptait deux fois plus de femmes actives en 2014 qu’en 1968 – apparaît inexorable dans les jeunes générations, récemment diplômées.

Clairement, ce sont dans les professions où l’on accède par concours que les femmes prennent le pas sur les hommes. C’est très net chez les médecins. Au Conseil national de l’ordre des médecins, en 2014 (dernier chiffre disponible), 58 % des nouveaux inscrits étaient des femmes. En 2017, elles représentaient 47 % de l’ensemble des médecins en activité régulière, contre 38 % en 2007, mais surtout 61 % chez les moins de 34 ans, contre 28 % pour les plus de 60 ans. C’est en 2020, autant dire demain, que l’on atteindra la parité pour les médecins en activité. Dans les hôpitaux publics, les femmes représentent déjà 52,5 % des médecins.

Les bastions se réduisent

Très frappante est la féminisation de spécialités médicales hier contrôlées par des hommes à l’issue du concours hyper sélectif de l’internat, visible dans la montée de la part des femmes chez les médecins spécialistes de moins de 34 ans : anesthésistes-réanimateurs (53 %), cardiologues (50 %), gastro-entérologues (66 %), spécialistes de médecine interne (62 %), néphrologues (61 %), pneumologues (65 %) et même chez les généralistes (67 %). En chirurgie, à l’exception de l’obstétrique, on trouve toujours une majorité d’hommes, même si des spécialités commencent doucement à se féminiser, en particulier chez les ophtalmos et les ORL.

Lentement mais sûrement, les bastions réservés aux hommes se réduisent, envers et contre tout. La fonction publique est un miroir de cette transformation de la société : les femmes y sont devenues largement majoritaires (à 62 %), pas seulement à l’hôpital (77,6 % en 2015) et dans les collectivités (60,8 %), mais aussi dans la fonction publique d’Etat (56 %). En Ile-de-France, 87 % des 11 200 nouveaux cadres de catégorie A de la fonction publique enregistrés entre 2008 et 2013 sont des femmes ! Même si les plus hauts postes, les catégories A +, sont encore majoritairement détenus par des hommes, à plus de 60 % – à l’exception des corps d’inspection et de contrôle (56,6 % de femmes). Quant aux emplois de direction de l’administration centrale ou territoriale, les femmes n’y dépassent pas 26 % des effectifs.

La magistrature est aux avant-postes de cette féminisation. Deux tiers de ses membres sont des femmes. Alors que la promotion de l’Ecole nationale de la magistrature comptait 57 % d’étudiantes en 1984, elles étaient 73 % en 2017 (après avoir culminé à 81 % en 2012). L’an dernier, elles représentaient 80 % des reçus au premier concours.

« Grandes travailleuses, plus régulières dans l’effort, les filles sont davantage formatées que les garçons pour réussir les concours très sélectifs et, en bonnes élèves, acceptent volontiers une à deux années de sacrifice au travail pour réussir ce concours », décode Gwenola Joly-Coz, présidente de l’association Femmes de justice, créée en 2014.

Le pouvoir reste au masculin

Pour autant, là-encore, les postes de pouvoir demeurent masculins. Au 1er janvier 2018, sur les douze tribunaux les plus importants de France, seuls deux sont présidés par des femmes, à Marseille et à Pontoise (Val-d’Oise) – ville où Gwenola Joly-Coz a été nommée présidente du tribunal de grande instance (TGI) en janvier 2016. Les magistrates, observe celle qui fut directrice de cabinet au secrétariat d’Etat aux droits des femmes, « n’aspirent pas aux rôles d’autorité ou de pouvoir comme celui du juge d’instruction ou de procureur – même si dans les faits elles commencent le plus souvent comme substitut du procureur ». Son explication ? La magistrature s’apparente à « un métier du soin, de l’attention à l’autre, les étudiantes se projettent en juge des enfants, juge des affaires familiales, juge des tutelles ou juge d’instance ».

Chez les avocats aussi, ce sont les femmes qui tirent la croissance de la profession depuis les années 1970. Les effectifs féminins y ont crû 2,5 fois plus vite que les effectifs masculins. En 2015, les femmes représentaient 67 % des premières affiliations à l’ordre des avocats, aujourd’hui composé à 55,4 % de femmes. Mais il aura fallu attendre décembre 2017 pour qu’une femme soit enfin élue à la présidence du Conseil national des barreaux, représentant la profession d’avocat.

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Si les professions ouvertes sont de plus en plus féminisées, il est notable que les métiers réglementés, réservés aux détenteurs de charges, restent à forte dominante masculine : on ne trouve encore que 38 % de femmes chez les notaires, 34 % chez les huissiers de justice, 23 % chez les commissaires-priseurs judiciaires… les métiers les plus rémunérateurs du droit.

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