Attentat du Thalys : comment le film de Clint Eastwood perturbe une enquête en cours

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Attentat du Thalys : comment le film de Clint Eastwood perturbe une enquête en cours

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Clint Eastwood lors du tournage dans la gare d'Arras en septembre 2017
Clint Eastwood lors du tournage dans la gare d'Arras en septembre 2017
© Maxppp - Laurent Raison

Le dernier film de Clint Eastwood, "15h17 pour Paris", est sorti sur les écrans. Son scénario : l'attentat raté du Thalys, lorsque, le 21 août 2015, Ayoub El-Khazzani surgit dans le wagon 12 du TGV franco-belge, une kalachnikov à la main. Problème : l'enquête, elle, est toujours en cours.

Ce 21 août 2015, nous sommes à quelques mois des attentats du 13 novembre. Tout le monde l'ignore, mais les premiers membres du commandos sont déjà arrivés en Europe. Et une première attaque est sur le point d'être menée, dans le Thalys qui relie Bruxelles à Paris. 

Car, dans le wagon 12 du train de 15h17, Ayoub-El-Khazzani va surgir des toilettes, une kalachnikov à la main. Il est désarmé par trois passagers américains, notamment. Trois jeunes hommes qui sont désormais aussi les héros du dernier film de Clint Eastwood. Car le réalisateur en a fait un argument de promotion de son film : "tout est 100% vrai." 

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Sur les plateaux de télévisions, les trois Américains - Alek Skarlatos, Spencer Stone et Anthony Sadler - racontent comment tout est identique, selon eux, à ce qui s'est passé le 21 août 2015 : depuis les vêtements qu'ils portaient ce jour-là, en passant par le moindre de leur geste, mais aussi les employés de la SNCF, les autres passagers du train ou encore l'équipe médicale qui jouent, eux aussi, leur propre rôle.

C'est donc une sorte de reconstitution sur grand écran de cette attentat déjoué que propose Clint Eastwood. Ceci, alors que l'assaillant Ayoub El-Khazzani, lui, n'a pas encore été entendu sur les faits par le juge d'instruction. 

Selon Me Sarah Mauger-Poliak, avocate d'Ayoub El-Khazzani, "les témoignages auraient du être recueillis bruts devant les magistrats instructeurs. Là, ça a été répété des dizaines et des dizaines de fois devant les caméras de Clint Eastwood.  Quelle est la part des choses entre ce qui s'est réellement passé et ce que la mémoire peut réécrire après autant d'exercice d'acteurs? L'industrie hollywoodienne délivre sa vérité avant l'institution judiciaire, c'est pour le moins embêtant."

Pire, et c'est une information France Inter, alors que la défense réclame une reconstitution depuis le mois d'octobre, celle-ci vient de lui être refusée ce lundi 5 février par le juge d'instruction au motif, notamment que "la réalisation d'un film retraçant les faits (...) est de nature à entraîner (...) une confusion des genres incompatible avec la recherche de la vérité."

Ou comment le cinéma a pris le pas sur la vérité judiciaire. 

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